Critique

[Critique ciné] Magallanes, suffocant

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

THRILLER POLITIQUE | Le Péruvien Salvador del Solar mélange habilement les genres, relevant le thriller nauséeux d’une chronique sociale, à quoi il superpose une dimension ouvertement politique.

[Critique ciné] Magallanes, suffocant

Ancien soldat de l’armée péruvienne, engagé autrefois dans la lutte contre le Sentier Lumineux, Harvey Magallanes (Damian Alcazar) est un homme éteint, peinant à joindre les deux bouts en combinant sa fonction de chauffeur officieux de celui qui fut son colonel (le vétéran argentin Federico Luppi), avec celle de taximan sillonnant paresseusement les rues de Lima. Morne routine à laquelle il est arraché lorsque le passé fait irruption dans son existence sous les traits d’une cliente embarquée inopinément dans sa voiture. À savoir Celina (Magaly Solier, vue précédemment dans La Teta asustada et Altiplano), une femme tenant un salon de coiffure en qui il va reconnaître, au détour d’un regard furtif dans le rétroviseur, l’adolescente quechua qu’ils avaient enlevée 20 ans plus tôt avec ses compagnons d’armes afin qu’elle serve d’esclave sexuelle à leur supérieur. Et le taximan, en proie à une profonde crise morale, d’imaginer un plan hasardeux, sésame pour une fort hypothétique rédemption qui le verra s’enfoncer inexorablement dans la criminalité…

Inspiré du roman La Pasajera, d’Alonso Cuento, le premier long métrage de l’acteur péruvien Salvador del Solar mélange habilement les genres, relevant le thriller nauséeux d’une chronique sociale, à quoi il superpose une dimension ouvertement politique. À travers le destin de Magallanes et Celina, c’est bien sûr l’histoire récente du Pérou qui se trouve mise en perspective, avec ses blessures mal cicatrisées et ses béances irrémédiables. Une entreprise conduite de suffocante façon dans un ballet où la corruption et l’ambiguïté le disputent à l’amertume, conclusion inéluctable d’un film suintant la dépression jusque dans sa mise en scène un peu terne…

De Salvador del Solar. Avec Damian Alcazar, Magaly Solier, Federico Luppi. 1h49. Sortie: 21/06. ***(*)

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content