Critique

[Critique ciné] Darkest Hour: Gary Oldman, prodigieux et méconnaissable en Winston Churchill

Gary Oldman est Winston Churchill dans Darkest Hour de Joe Wright. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM HISTORIQUE/BIOPIC | Gary Oldman est fascinant en Winston Churchill, le franc-tireur qui sut dire non à Hitler et à l’establishment anglais.

Les panzers allemands déferlent sur la Belgique. Bientôt les fortifications de l’est de la France (1) prendront place au musée des travaux inutiles. Nous sommes en mai 1940 et Hitler gagne déjà la bataille de l’Europe. Au Royaume-Uni, prochaine cible inévitable de la progression nazie, la politique accommodante (lâche, en fait, diront certains) de Neville Chamberlain lui coûte son poste de Premier ministre. Il faut d’urgence le remplacer par un autre membre du Parti conservateur. Ce sera Winston Churchill. Même dans son camp, celui qui fut plusieurs fois ministre n’est pourtant pas un premier choix. Mais le refus du pusillanime comte d’Halifax, initialement pressenti, ouvre la voie au come-back d’un sexagénaire dont la traversée du désert (on le tient responsable de la défaite de Gallipoli, durant la Première Guerre mondiale) n’a pas détruit le désir de gouverner au plus haut niveau…

L’Histoire, la grande, est au coeur de Darkest Hour, chronique prenante doublée d’un portrait mémorable de celui qui allait changer le cours du monde en entraînant son peuple à lutter coûte que coûte. Car c’est bien de cela qu’il s’est agi en ces heures déjà décisives où une partie importante de l’establishment, y compris au royal sommet de l’État, penchait pour la négociation avec Hitler plutôt que pour la résistance, le combat…

Le poids des mots

[Critique ciné] Darkest Hour: Gary Oldman, prodigieux et méconnaissable en Winston Churchill

Tendu comme un arc et magnifié par un Gary Oldman aussi prodigieux que quasi méconnaissable en Winston Churchill, le film de Joe Wright ne tient pas du musée de cire animé. Il cherche et capte la vie au coeur du processus historique, en ces moments où une décision, une seule, pouvait faire une différence énorme. Le réalisateur de Pride & Prejudice et de Atonement relève avec art le défi d’un sujet complexe et d’un spectacle où les mots comptent souvent bien plus que les images. Des mots qui résonnent, qui disent non à une paix honteuse et illusoire, qui promettent du sang, des larmes et de la sueur. Avec à l’avant-plan ce « victory » que répète Churchill en joignant le geste à la parole… et en se trompant d’abord de sens pour faire le « v » de la victoire avec ses doigts, occasionnant un quiproquo gratiné…

Le peu de poussière qui pourrait accompagner la reconstitution d’époque et les soupçons inévitables visant un « film à Oscars » sont assez vite balayés par la justesse de la représentation et de l’interprétation. Oldman se voyant très bien entouré, notamment par Kristin Scott Thomas (en épouse de bon conseil) et Ben Mendelsohn (en roi George VI surmontant ses préventions à l’égard de Churchill pour finalement soutenir son combat). Quelques mois après le Dunkirk de Christopher Nolan, le creuset des heures si sombres du début de la Seconde Guerre mondiale vue depuis le camp britannique nous offre un nouveau film captivant. Plus classique, plus verbal, mais offrant lui aussi matière à émotion, à réflexion, sur le mode d’un intense vécu.

(1) La fameuse ligne Maginot.

De Joe Wright. Avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn. 2h05. ***(*)

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