Critique

Critique ciné: Colt 45, jeu de massacre

Joey Starr et Ymanol Perset dans Colt 45. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM POLICIER | Fabrice du Welz signe un petit polar serré, intense, fidèle à la tradition mais singulier dans sa véhémence meurtrière.

Regarde les hommes tomber. Le titre du premier film de Jacques Audiard nous revient en mémoire tandis que tombent et meurent, un à un, les protagonistes de Colt 45. Un film certes inscrit dans la tradition du polar français, mais qui présente le « body count » (1) le plus impressionnant que ce genre éminemment populaire ait jamais affiché! Gageons que cet aspect littéralement « massacrant » aura compté dans le choix fait par Fabrice du Welz de s’engager dans un projet somme toute nettement plus commercial que ses films précédents. Colt 45 n’a en effet pas la radicalité, l’aspect transgressif, qui marque le cinéma du réalisateur belge depuis Calvaire jusqu’à cet Alléluia qui bouscula le public de la Quinzaine des Réalisateurs au mois de mai dernier (2). Rien de plus conforme aux codes du polar en fait que cette histoire d’un jeune as du tir, armurier dans la police, qui ne désire pas faire de « terrain » mais qu’une manipulation cynique -alliée à sa propre naïveté- va précipiter dans un terrifiant engrenage, sur fond de rivalité entre flics étant ou ayant été ses mentors.

Pas de pathos

Ymanol Perset, révélé par Stephan Streker dans Le Monde nous appartient, incarne Vincent. Autour de lui, rien que du « lourd » avec Gérard Lanvin, Joey Starr, Simon Abkarian. Bref un casting et un sujet que n’aurait pas dédaigné un Olivier Marchal. Sauf que Fabrice du Welz n’est pas le réalisateur de 36 quai des Orfèvres et de MR73. Il boxe dans une autre catégorie, celle des créateurs curieux, préférant au pathos et à la solennité la recherche d’angles extrêmes, tant humains que stylistiques. Sans pouvoir totalement faire « bouger » le scénario solide mais assez convenu de Fathi Bediar, le réalisateur belge témoigne dans sa mise en scène d’une redoutable efficacité. Son amour de la « série B » américaine trouve à s’exprimer, avec une énergie bien souvent contagieuse. Du Welz travaille l’image avec force et impact physique, avec une violence fulgurante et une louable absence de sentimentalité. Son Colt 45 ne tire pas à blanc. Ce méchant petit polar manque certes d’originalité profonde, mais pas de panache. Et sa noirceur extrême plaira aux fanas du genre, si souvent déçus par des productions prudentes, sans tranchant.

  • DE FABRICE DU WELZ. AVEC GÉRARD LANVIN, JOEY STARR, YMANOL PERSET. 1H25. SORTIE: 01/10.
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(1) LE DÉCOMPTE DES CADAVRES, EXPRESSION IMPORTÉE DU DOMAINE DES CATASTROPHES (AÉRIENNES, FERROVIAIRES, ETC.) VERS CELUI DES FILMS VOYANT DE NOMBREUX PERSONNAGES PASSER L’ARME À GAUCHE.

(2) SORTIE PRÉVUE LE 26 NOVEMBRE.

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