Critique

[Critique ciné] Café Society, Woody en mode vintage

Jesse Eisenberg et Blake Lively dans Café Society de Woody Allen. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Allen orchestre un chassé-croisé amoureux entre New York et Hollywood dans les années 30. Avec Jesse Eisenberg et Kristen Stewart, étincelants.

Sacré Woody Allen! A 80 printemps bien frappés (depuis le 1er décembre dernier), le réalisateur new-yorkais maintient le cap de son film annuel, qu’il a même trouvé le temps d’assortir, en 2016, d’une mini-série télévisée. Si son cinéma n’a certes plus l’acuité des années 70 et 80, quand il alignait les Annie Hall, Manhattan, Zelig, Purple Rose of Cairo ou autre Crimes and Misdemeanors, il y a là un rendez-vous toujours apprécié. A défaut de surprendre, Café Society se révèle ainsi tout à fait estimable, le cinéaste renouant avec une humeur voisine de celle de Radio Days.

Woody y orchestre l’un de ces chassés-croisés amoureux dont il a le secret, baladant le spectateur de New York à Hollywood et retour dans le courant des années 30. Etouffant dans son environnement familial cintré, Bobby Dorfman (l’impeccable Jesse Eisenberg, déjà de To Rome with Love, et alter ego idéal du réalisateur), un jeune homme timide du Bronx, décide un jour de partir tenter sa chance à L.A., des rêves de cinéma plein la tête. A peine son oncle Phil (Steve Carell), un prestigieux agent de stars, a-t-il accepté de l’engager comme coursier, qu’il tombe raide amoureux de la secrétaire de ce dernier, la ravissante Vonnie (Kristen Stewart), dont il apprend toutefois que le coeur est déjà pris. Voué au rôle de confident, Bobby refuse cependant de se décourager, et reprend espoir le jour où la belle lui annonce que son petit ami vient de rompre… Et les deux jeunes gens d’avancer bientôt d’un pas incertain -après tout, « la vie est une comédie écrite par un auteur sadique », si l’on en croit le narrateur de Café Society.

Midnight in New York

Non content de lui prêter sa voix, Woody Allen y trouve matière à un film à la fibre délicieusement nostalgique, arpentant un passé fantasmé auquel la photographie de Vittorio Storaro (légendaire chef-opérateur de Coppola et Bertolucci) donne des contours d’une douceur engageante, tout en convoquant la mémoire de son cinéma. Le tempo est allègre, et la balade savoureuse, même si elle s’essouffle quelque peu dans un second acte la ramenant dans la Café Society new-yorkaise de l’époque. Comme souvent chez l’auteur de Midnight in Paris, légèreté et angoisses existentielles font bon ménage, dans une dynamique où excellent Eisenberg et Stewart, mais aussi une galerie de seconds rôles où figurent Blake Lively, Corey Stoll ou Parker Posey. De fait, au-delà du sentiment amoureux, c’est de la fuite du temps qu’il est ici question, et si le film pétille pour s’achever dans l’éclat d’une nuit de réveillon, il laisse néanmoins une empreinte douce-amère et ses protagonistes définitivement songeurs…

DE WOODY ALLEN. AVEC JESSE EISENBERG, KRISTEN STEWART, STEVE CARELL. 1H36. SORTIE: 25/05.

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