Critique

Critique ciné: Big Eyes, pièce modeste dans la filmographie de Tim Burton

Christoph Waltz et Amy Adams dans Big Eyes de Tim Burton © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

BIOPIC | La chose tombe pour ainsi dire sous le sens: peu de films de ce chantre romantique du gothico-fantastique le plus foisonnant qu’est Tim Burton arborent le sticker « basé sur des faits réels ».

Un peu plus de 20 ans après un Ed Wood de très chouette mémoire, le réalisateur d’Edward Scissorhands, Batman Returns et autre Big Fish s’empare pourtant du destin authentique d’une autre figure artistique marquante au talent contestable, misfit à la passion créative fiévreuse adorée par les uns, abhorrée par les autres. Et dont le style tout en ostensible naïveté a trop longtemps occulté les plus sombres vérités.

Eyes wide open

Débarquée à North Beach, San Francisco, à la fin des années 50 après avoir quitté un premier mari tyrannique, ses peintures dans ses valises et sa jeune fille sur la banquette arrière de sa voiture, Margaret Ulbrich est encore une parfaite inconnue quand elle y fait la rencontre de Walter Keane, peintre du dimanche mais génie de la promotion et de la vente. Soit le début d’une relation complémentaire mais singulièrement toxique qui verra certes Walter jouer d’abord les bienveillants pygmalions, mais aussi totalement vampiriser le travail de celle qui est entretemps devenue sa femme, jusqu’à bientôt s’attribuer la paternité de toiles au succès grandissant…

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Porté par une voix off très littérale et trop présente, le film se cherche un ton, quelque part entre le drame conjugal -l’intense bras de fer psychologique que se livrent l’homme et la femme- et la comédie de boulevard -la séquence du procès, rocambolesque au possible. Et vaut davantage pour son sujet, assez dingue, que pour son traitement, résolument atone, pour ne pas dire transparent -à l’exception peut-être de l’un ou l’autre flash cauchemardesque, au supermarché notamment.

Une pièce modeste, voire mineure donc, dans la filmographie du cinéaste californien, où Amy Adams impressionne pourtant durablement en figure tragique de martyre certes à la dérive mais aussi diablement ambiguë. Car si, comme elle le dit, les yeux sont les fenêtres de l’âme, ceux, disproportionnés, peints en série par Margaret Keane ouvrent ici directement sur les insaisissables béances de sa vie intérieure. A l’image de la prison dorée dans laquelle elle accepte peu à peu de se laisser enfermer, coincée dans un mensonge qu’elle a largement contribué à créer.

Dans le rôle de l’époux mythomane, Christoph Waltz, lui, en fait des caisses. Et confirme au passage que s’il colle à merveille au côté résolument over the top des films de Tarantino, son cabotinage forcené tourne sinon le plus souvent tristement à vide.

DE TIM BURTON. AVEC AMY ADAMS, CHRISTOPH WALTZ, DANNY HUSTON. 1 H 44. SORTIE: 18/03.

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