Critique

[Critique ciné] All Eyez on Me, le pack Tupac

All Eyez on Me, le biopic de Benny Boom sur Tupac Shakur © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

BIOGRAPHIE | Benny Boom consacre une bio-hagiographie à Tupac Shakur, icône du rap dont la carrière météorique devait se terminer tragiquement.

8 Mile, de Curtis Hanson, en 2002; Notorious, de George Tillman Jr., en 2009; Straight Outta Compton, de F. Gary Gray, en 2015: l’industrie hollywoodienne a régulièrement trouvé dans le destin mouvementé de figures emblématiques du rap -respectivement Eminem, Notorious B.I.G. et le groupe Niggaz with Attitude- la matière à ces biopics qu’elle affectionne tout particulièrement. C’est aujourd’hui au tour de Tupac Shakur, et à sa trajectoire météorique, entamée à New York en 1971 pour se terminer tragiquement à Las Vegas 25 ans plus tard sous les balles d’un tueur non identifié à ce jour, de faire l’objet d’un film. Une entreprise pas dénuée d’intérêt a priori, même s’il faut rapidement déchanter tant, à l’inverse de ses prédécesseurs, All Eyez on Me (du nom de l’album enregistré par le chanteur six mois avant sa mort) semble cruellement dénué de point de vue autre qu’hagiographique.

Conscience politique

[Critique ciné] All Eyez on Me, le pack Tupac

Pour cerner la personnalité de Shakur, Benny Boom (un réalisateur s’étant fait un nom dans la vidéo hip-hop, avec des clips pour Sean « Puffy » Combs, 50 Cent ou encore Nicki Minaj) s’attache à en retracer le parcours dans le détail. Et de recourir à l’artifice d’une interview pour s’inviter dans l’intimité du chanteur à compter de 1971, et de sa naissance à New York. Sa mère, Afeni (Danai Gurira), est une militante des Black Panthers, il ne faut guère attendre pour voir la conscience politique du garçon s’affûter, aiguisée encore par les brutalités policières et autres violences à caractère raciste dont il est le témoin. L’éveil artistique s’opérera pour sa part entre Baltimore, où il rencontre Jada Pinkett (Kat Graham), et Oakland, où il rejoint Digital Underground, prélude à la carrière exceptionnelle que l’on sait (véritable icône, Tupac écoulera quelque 75 millions d’albums); une carrière déclinée de la scène à l’écran (on le vit notamment dans Poetic Justice et autre Gridlock’d, aux côtés de Tim Roth), et par ailleurs minée par des démêlés judiciaires incessants et autres flambées de violence, avec divers séjours derrière les barreaux à la clé. Jusqu’à la tragédie du 7 septembre 1996, lorsque Tupac est abattu dans la voiture de Suge Knight (Dominic L. Santana), le boss du label Death Row, au sortir d’un combat entre Mike Tyson et Bruce Seldon.

Ce destin chahuté, Benny Boom se borne à en aligner les épisodes comme les péripéties d’un quelconque roman-photo (certes plus épicé que la moyenne). Si le débutant Demetrius Shipp Jr. campe un Tupac mimétique, le film, interminable et paradoxalement superficiel, ne convainc pas, biographie officielle surtout occupée à lui lisser le profil. Tout au plus s’il réussit à restituer le flow irrésistible de Shakur le temps de quelques passages musicaux de la meilleure veine…

De Benny Boom. Avec Demetrius Shipp Jr., Danai Gurira, Kat Graham. 2h20. Sortie: 14/06. **(*)

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