Critique

Critique ciné: A Field in England

A Field in England © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

THRILLER HISTORIQUE | Pas de sortie ciné, DVD ou Blu-ray mais une séance de rattrapage en VOD pour le sidérant film-trip de Ben Wheatley. Alléluia!

« Warning. This film contains flashing images and stroboscopic sequences. » On déconseillera en effet rigoureusement la vision de A Field in England à nos amis épileptiques -ou simplement trop cartésiens. Aux autres, par contre, on ne saurait trop recommander le dernier film de l’affreux, sale et méchant Ben Wheatley, disponible sur l’iTunes Store, les voies, impénétrables, de la distribution belge ne lui ayant réservé aucune sortie ciné, DVD ou Blu-ray.

Du huis clos psychologique et criminel (Down Terrace, 2009) à la comédie noire et sociale (Sightseers, 2013) en passant par le drame familial et horrifique (Kill List, 2011), le sieur Wheatley semble n’avoir de cesse de varier les genres et les plaisirs, tout en prenant soin de les revisiter à sa singulière façon, résolument mal peignée. C’est encore vrai s’agissant de A Field in England, où celui que la presse anglo-saxonne se plaît à dépeindre comme une espèce de Ken Loach sous acide se pique d’investir le film d’époque.

Et le cinéaste britannique d’envoyer ainsi un petit groupe de déserteurs et un alchimiste du XVIIe siècle en pleine campagne alors que la Première Révolution anglaise bat son plein, dans un champ qui deviendra bientôt celui de tous les possibles. Là, alors qu’ils se mettent en quête d’un hypothétique trésor, ils vont, aidés en cela par les forces occultes régnant sur cet inquiétant entre-deux-mondes et une fricassée de champignons hallucinogènes, atteindre à un degré supérieur de conscience…

Jodorowsky au carré

Toile de fond à peine figurée à l’écran, le cadre historique offert par la guerre civile anglaise n’est pas innocent pour autant. « Le monde est sens dessus dessous », entend-on ainsi au détour d’un walk & talk à travers champ. Et le film, en effet, d’illustrer cette sombre réalité dans une grande montée mystique et sensorielle, violente, drôle et poétique, d’une puissance visuelle hallucinée. S’inspirant du cinéma britannique des sixties en général et de Peter Watkins (Culloden, The War Game) en particulier, Ben Wheatley fait ainsi du Jodorowsky au carré, ose tout et se fend d’un ovni total, un mindfuck movie complètement dingue flirtant avec l’expérimental comme avec les frontières de la perception -et de la raison.

Une photo noir et blanc somptueuse et une mise en scène hyper inventive, qui n’en finit pas de rendre compte de la déroute des sens, achevant de faire de A Field in England un chef-d’oeuvre beau-bizarre, insaisissable, fascinant à tous égards. Un film-trip aux vertus lysergiques d’une splendeur souveraine. Une expérience, une vraie.

  • De Ben Wheatley. Avec Reece Shearsmith, Richard Glover, Michael Smiley. 1h30. Disponible sur l’iTunes Store.
  • Il y aura 10 téléchargements à gagner dans la Focus Factory de ce jeudi.
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