Jean-François Pluijgers

Cherche écran, désespérément

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Comment concilier la diminution constante du nombre d’écrans dévolus au cinéma dit d’art et d’essai (le Cartoon’s anversois vient de fermer ses portes) et la croissance exponentielle du nombre de films se bousculant au portillon de la diffusion en salles ?

A la quadrature du cercle cinématographique, l’imagination apparaît aujourd’hui un peu plus qu’hier et un peu moins que demain comme la réponse la plus appropriée. Ainsi, on ne compte plus les structures ponctuelles qui voient le jour pour permettre à des productions locales de trouver des salles sans passer par les canaux habituels de distribution.

Pendant somme toute logique de cette évolution, on voit aussi les exploitants se multiplier désormais sur ce front -pratique dépassant les seules niches auxquelles elle était généralement réservée. Deux salles bruxelloises, les Galeries et l’Aventure, ont ainsi pris récemment des initiatives en ce sens, partant d’un constat voisin.

Qu’un cinu0026#xE9;aste comme Gus Van Sant en soit ru0026#xE9;duit u0026#xE0; chercher un u0026#xE9;cran, du0026#xE9;sespu0026#xE9;ru0026#xE9;ment, voilu0026#xE0; qui a de quoi laisser pantois…

En compagnie des éditions Capricci, les Galeries ont ainsi créé la société de distribution Numéro Zéro, manière de donner une visibilité à de « petits » films le méritant largement: La Fille du 14 juillet ou La Bataille de Solférino comptent parmi les titres sortis via ce canal, en une politique débordant d’ailleurs de la seule salle des galeries de la Reine, puisque le formidable Tabu de Miguel Gomes avait été distribué par ses soins au Vendôme et au Nova. Confronté, à sa réouverture, à la difficulté d’obtenir les films désirés, le cinéma Aventure a, pour sa part, développé en sus un modèle parallèle, négociant l’accueil de films -des documentaires, bien souvent, mais pas exclusivement- exclus, a priori, de la diffusion en salles.

Une stratégie qui porte ses fruits: à l’affiche depuis… 37 semaines, Sugar Man a réuni 5000 spectateurs autour de Sixto Rodriguez, et Sound of Belgium semble bien parti pour suivre le même chemin. Mieux même, le cinéma est aussi le seul en Belgique à proposer Promised Land, le dernier film de Gus Van Sant, avec rien moins que Matt Damon dans le rôle principal. On s’en félicite bien évidemment, mais qu’un cinéaste de ce calibre en soit réduit à chercher un écran, désespérément, voilà qui a de quoi laisser pantois…

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