Cannes, les films du week-end: Kore-eda et les frères Coen

L'équipe de Inside Llewyn Davis: Joel Coen, T-Bone Burnett, Carey Mulligan, John Goodman et Ethan Coen. © REUTERS
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le Japonais Hirokazu Kore-eda continue à explorer la famille dans Like Father, Like Son, modèle de délicatesse, tandis que les frères Coen signent le portrait, particulièrement savoureux, de Llewyn Davis, chanteur folk embarqué dans une série de galères.

Like Father, Like Son, de Hirokazu Kore-eda

De Nobody Knows en Still Walking, le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda a fait de la famille le pivot de son cinema. Présenté en compétition, Like Father Like Son s’inscrit dans la continuité de son oeuvre, et débute au sein d’une famille à l’opulence manifeste: Ryota, le père, architecte ayant fait de sa carrière sa priorité, Midori, son épouse effacée, et Keita, leur gamin de six ans. Il y a là l’apparence du bonheur, que vient bientôt bouleverser un appel de l’hôpital, leur signalant qu’une inversion de bébés s’était produite six ans plus tôt. Et de leur suggérer de procéder à un échange entre Keita et Ryusei, leur fils biologique, ayant grandi pour sa part avec ses frère et soeur dans une famille de condition modeste avec laquelle une première rencontre est organisée dans la foulée.

Ce sujet, Kore-eda l’aborde comme de coutume tout en finesse et en douceur. Non contente de brasser des questions sensibles, déstabilisant les protagonistes et interpellant le spectateur, cette histoire va lui offrir le cadre d’un film proprement envoûtant. Like Father, Like Son ne dévoile toute sa richesse que sur la durée, en effet, le film n’en finissant plus de s’ouvrir dans un mouvement limpide, et apparaissant tout à la fois profond et aérien, tendre et aiguisé. Soit une petite merveille, qui voit le réalisateur transcender la banalité du quotidien pour toucher à l’essentiel, dans une oeuvre dont la justesse est relevée par le naturel confondant de ses acteurs, les enfants en particulier.

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Inside Llewyn Davis, de Joël et Ethan Coen

Habitués de la Croisette, les frères Coen y ont débarqué avec un film particulièrement savoureux, Inside Llewyn Davis, y traçant, sur une semaine, le portrait d’un chanteur folk, vaguement inspiré de Dave Van Ronk, et évoluant dans le Greenwich Village des early sixties. Davis (Oscar Isaac), on le découvre alors qu’il est jeté sans ménagement d’un club du Village avant d’être tabassé dans une ruelle. De fait, l’homme, à la croisée des chemins est aussi dans la mouise, et son existence semble décliner le terme galère sous toutes ses formes, qui le voit en quête d’un canapé où se poser quand il ne réclame pas, en pure perte, ses royalties à son éditeur, et l’on en passe comme ce chat qui n’en finit plus de le planter là. Et de s’accrocher vaille que vaille, tentant de surmonter les obstacles qui balisent sa route, les moindres n’étant certes pas ceux qu’il se crée lui-même.

Les Coen tiennent là, pour leur part, le sujet d’un film particulièrement réussi, portrait étonnant et chaleureux d’un puriste peut-être voué à rester dans l’ombre, perspective qu’ils embrassent avec leur maestria et leur humour habituels. Oscar Isaac est parfait dans le rôle-titre, John Goodman a droit à un long moment d’anthologie, le temps d’un trajet automobile surréaliste jusqu’à Chicago, les chansons folk trouvent un relief insoupçonné, et la plongée dans le New York d’alors ne manque certes pas de piquant. Soit un excellent Coen, sonnant comme A Serious Man revisité en mode folk.

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