Cannes, le film du jour (6): Sicario, de Denis Villeneuve

L'équipe de Sicario: Josh Brolin, Benicio Del Toro, Emily Blunt et Denis Villeneuve © Belga
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Invité pour la première fois en sélection officielle, Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners) en aura relevé le taux d’adrénaline avec Sicario, un thriller d’une intensité peu banale.

Comme beaucoup d’autres avant lui, le réalisateur canadien investit la frontière américano-mexicaine, zone de non-droit à la merci des cartels de la drogue. C’est dans ce contexte vicié que Kate Marcer (Emily Blunt), une agent opiniâtre du FBI, va être invitée à rejoindre un groupe d’intervention d’élite américain s’employant à faire tomber un baron de la drogue mexicain; opération clandestine entourée de zones d’ombre dans laquelle elle aura pour partenaires Matt Graver (Josh Brolin), un commandant énigmatique, et Alejandro (Benicio Del Toro), son bras armé laconique. Et la jeune femme de plonger à leur suite dans l’horreur, sans filet auquel s’arrimer.

Villeneuve s’y entend pour installer la tension, et celle présidant d’entrée à Sicario a le don de scotcher le spectateur à son fauteuil pour ne plus se relâcher les deux heures que dure cette traque explorant une zone grise où la fin semble justifier les moyens, diverses questions morales à la clé. C’est là le poids (relatif) d’un film où le réalisateur fait preuve d’une redoutable efficacité en même temps que d’un sens aiguisé de la mise en scène. Soit quelque chose comme du cinéma de genre malin, citant aussi bien le Traffic de Steven Soderbergh, que le Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow – rapprochement d’autant plus inévitable que le personnage d’Emily Blunt rappelle irrésistiblement celui de Jessica Chastain -, pour un résultat soufflant à défaut de plus.

Le + du jour: Hitchcock/Truffaut, de Kent Jones, documentaire revisitant l’art du maître du suspens en ouvrant la fameuse conversation des deux cinéastes à d’autres, comme David Fincher, James Gray ou Arnaud Desplechin. Passionnant.

Le – du jour: Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli qui, mettant en scène un scénario de Jean Gruault destiné à Truffaut, s’égare dans une douloureuse caricature de Jacques Demy…

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