Cannes, le film du jour (2): Paradies: Liebe, de Ulrich Seidl

Bain acide sur la Croisette où Ulrich Seidl, le réalisateur d’Import/Export, revisite les rapports Nord-Sud à la lumière du tourisme sexuel.

Tenant d’un cinéma aussi radical que grinçant, le réalisateur autrichien Ulrich Seidl a secoué la compétition cannoise avec Paradies: Liebe (Paradis: amour), le premier volet d’une trilogie du Paradis qui déclinera ensuite les thèmes de la Foi et de l’Espoir. Liebe envoie pour sa part Teresa, une éducatrice autrichienne affichant la cinquantaine tendance flasque, dans un village de vacances au Kenya. En quête d’amour et de sensations, elle va multiplier les aventures pour aller de déception en désillusion, pour venir grossir les rangs des sugar mamas, ces occidentales achetant les services sexuels de jeunes Africains trouvant là un moyen d’assurer leur subsistance.

Comme souvent chez Seidl, le trait est féroce voire assassin. La première partie du film est à cet égard mémorable, qui manie l’humour féroce avec dextérité, posant un contexte autrichien glaçant avant de hacher menu les clichés tandis qu’un groupe de touristes débarque dans son paradis kenyan présumé. Mais si Liebe brasse une problématique ample avec lucidité, revisitant notamment les rapports Nord-Sud à la lumière du tourisme sexuel, le film s’ensable non moins sûrement dans une mécanique répétitive et laborieuse – sentiment que ne suffit pas à tempérer un final d’une lumineuse simplicité.

Jean-François Pluijgers

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