Cannes 2017: les 19 films en compétition

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le rideau se lève sur le Festival de Cannes mercredi pour une 70e édition riche en stars, de Nicole Kidman à Dustin Hoffman en passant par Julianne Moore ou Vincent Lindon, mais le géant Netflix joue les trouble-fêtes en bousculant ce rendez-vous mondial du cinéma.

Américains et Français sont présents en force avec quatre films chacun dans la course à la Palme d’or qui sera décernée le 28 mai. Une palme exceptionnellement constellée de diamants.

Le générique de cette édition, ouverte mercredi soir par Monica Bellucci en maîtresse de cérémonie avant la projection du dernier Desplechin (« Les Fantômes d’Ismaël »), est riche en étoiles. Nicole Kidman viendra sur la Croisette pour une série et trois films, dont deux en compétition – « Les Proies » de Sofia Coppola et « Mise à mort du cerf sacré » du Grec Yorgos Lanthimos.

La Française Isabelle Huppert, auréolée du récent succès d' »Elle », montera les marches, aux côtés de Jean-Louis Trintignant, pour le nouveau long métrage de Michael Haneke (« Happy End »). Avec, qui sait, une troisième Palme d’or pour le réalisateur autrichien.

Une autre rousse, Julianne Moore, foulera le tapis rouge pour « Wonderstruck » de l’Américain Todd Haynes, tout comme Dustin Hoffman qui parie sur l’étoile montante du cinéma indépendant new-yorkais, Noah Baumbach (« The Meyerowitz Stories »).

Le dernier opus du réalisateur de « Frances Ha » est d’ailleurs, avec celui du Sud-Coréen Bong Joon-ho (« Okja »), le détonateur de la polémique qui a éclaté avant même le lever de rideau.

Netflix, le leader américain du streaming aux 100 millions d’abonnés, qui a acquis les droits du film de l’Américain et produit celui du Sud-Coréen, a annoncé que ces deux oeuvres ne sortiraient pas en salles, après l’échec de discussions avec le Festival.

‘Bras de fer’

Les organisateurs ont été contraints, sous la pression notamment des exploitants de salles, de revoir le règlement pour 2018: tout film en compétition devra désormais s’engager à être distribué dans les cinémas français.

« Les polémiques font partie du grand barnum de Cannes. Mais cette fois, c’est un sujet brûlant qui touche à l’identité même du cinéma. Dans ce bras de fer, personne ne veut céder. Pour les exploitants, il n’est pas question de donner une Palme à un film qui ne sortirait pas en salles. Ils ont sauvé la face », estime Laurent Creton, professeur en économie du cinéma à l’Université de la Sorbonne.

« Quant à Netflix, il défend un autre modèle fondé sur la diffusion à ses abonnés. Mais il a d’ores et déjà réussi son coup en faisant le buzz. L’important pour Netflix est d’être sélectionné, même hors compétition », ajoute cet expert.

La polémique devrait en tout cas réactiver la réflexion sur +la chronologie des médias+, cette réglementation française qui impose un délai de trois ans entre une sortie en salles et la diffusion via une plateforme sur abonnement. Encore récemment, des discussions entre professionnels pour raccourcir ce délai ont échoué.

Le fait qu’un film de Cannes pourrait être privé de projection publique pourrait intéresser celui qui a révolutionné l’écriture cinématographique: reclus en Suisse, Jean-Luc Godard ne fera pas le voyage sur la Croisette mais il y sera présent avec « Le Redoutable », le film que lui consacre Michel Hazanavicius (« The Artist »), situé pendant mai 1968.

Le scénario est inspiré du roman de son ex-épouse, Anne Wiazemsky (« Un an après »).

Autres adaptations: celles du réalisateur franco-polonais Roman Polanski, « D’après une histoire vraie » (hors compétition), tiré du livre de Delphine de Vigan, du Français François Ozon dont « L’Amant double » doit son intrigue à l’Américaine Joyce Carol Oates ou encore de l’Ukrainien Sergei Loznitsa qui est allé chercher « Une femme douce » chez Dostoïevski.

Outre les 19 films en compétition, les festivaliers pourront découvrir la saison 2 de « Top of the Lake » de Jane Campion et deux épisodes de la troisième saison du cultissime « Twin Peaks » de David Lynch. Ces séries figurent en sélection officielle (hors compétition), une consécration pour un format qui emprunte déjà au 7e art ses acteurs et ses réalisateurs.

Les films en compétition

Dix-neuf films sont donc en lice lors du 70e Festival de Cannes pour la Palme d’or qui sera remise le 28 mai par le jury présidé par le réalisateur espagnol Pedro Almodovar.

« Les proies » de l’Américaine Sofia Coppola, avec Nicole Kidman et Colin Farrell, inspiré du film du même nom (1971) avec Clint Eastwood. En pleine Guerre de Sécession, la vie d’un pensionnat de jeunes filles est bouleversée par l’arrivée d’un soldat blessé.

« Faute d’amour » du Russe Andreï Zviaguintsev (« Leviathan »), drame familial sur un couple en instance de divorce qui va devoir se réconcilier pour retrouver leur fils de douze ans, qui disparaît lors d’une de leurs disputes.

« Good Time » des Américains Benny et Josh Safdie, réalisateurs indépendants new-yorkais. Dans ce film de genre, Robert Pattinson est un braqueur qui se fait arrêter et va tenter de s’évader au cours d’une nuit sous adrénaline.

« The Square » du Suédois Ruben Östlund (prix du jury à Cannes en 2014 pour « Snow Therapy ») sur un directeur de musée qui prépare une exposition qui doit faire grand bruit, avec Dominic West et Elisabeth Moss.

« You Were Never Really Here » de la Britannique Lynne Ramsay (« We Need To Talk About Kevin »), avec Joaquin Phoenix. Un vétéran de guerre tente de sauver des jeunes filles prises au piège d’un réseau de prostitution.

« L’Amant double » du Français François Ozon, thriller érotique avec Marine Vacth et Jérémie Renier, sur une jeune femme qui tombe amoureuse de son psychanalyste, avant de découvrir qu’il lui a caché une partie de son identité.

« La Lune de Jupiter » du Hongrois Kornél Mandruczo (prix Un certain regard en 2014 pour « White God »), film fantastique sur un jeune migrant blessé par balles qui se découvre un étrange pouvoir de lévitation.

« In The Fade » du Germano-Turc Fatih Akin (« Head On ») avec l’actrice Diane Kruger. Dans cette histoire de vengeance dans la communauté turque, elle interprète Katja, une femme qui a perdu son mari et son fils dans un attentat.

« Mise à mort du cerf sacré » du Grec Yorgos Lanthimos (« The Lobster ») avec Colin Farrell et Nicole Kidman. Dans ce thriller, un chirurgien prend sous son aile un adolescent perturbé mais la relation va mal tourner.

« Vers la lumière » (« Hikari ») de la Japonaise Naomi Kawase (« Les délices de Tokyo »), drame doublé d’une romance autour d’un photographe qui perd lentement la vue et sa rencontre avec une jeune femme.

« Le jour d’après » du Sud-Coréen Hong Sang-soo. Film en noir et blanc, avec Kim Min-hee, la muse du prolifique cinéaste, sur la journée d’un éditeur qui a trompé sa femme avec son employée et va être pris à parti par les femmes qui l’entourent.

« Le Redoutable » du Français Michel Hazanavicius (« The Artist »), film sur Jean-Luc Godard avec Louis Garrel, tiré d’un roman de l’ex-femme de Godard, Anne Wiazemsky. Il se déroule entre le tournage de « La Chinoise » et les événements de mai 68.

« Wonderstruck » de l’Américain Todd Haynes (« Carol »), écrit par le même scénariste que « Hugo Cabret ». Cette adaptation d’un roman pour enfants, avec Julianne Moore, raconte l’histoire de deux jeunes sourds à cinquante ans d’écart.

« Happy End » de l’Autrichien Michael Haneke (double Palme d’or pour « Le Ruban blanc » et « Amour »), sur une famille bourgeoise du Nord de la France vivant à côté des camps de migrants, avec Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert.

« Rodin » du Français Jacques Doillon avec Vincent Lindon et Izia Higelin, sur l’histoire du célèbre sculpteur, dont on fête le centenaire de la mort cette année, et sa relation passionnelle avec son élève Camille Claudel.

« 120 battements par minute » du Français Robin Campillo (« Eastern boys »), sur la vie de l’association Act Up aux débuts des années 90 pour sensibiliser la société à l’épidémie de sida, avec Adèle Haenel.

« Okja » du Sud-Coréen Bong Joon-Ho avec Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal, film fantastique sur l’amitié d’une petite fille avec un animal imposant, sur lequel une multinationale met la main. Le film est financé et produit par Netflix.

« The Meyerowitz Stories (New and Selected) », de l’Américain Noah Baumbach (« Frances Ha »), avec Dustin Hoffman, sur les retrouvailles d’une famille new-yorkaise pour la rétrospective du patriarche. Netflix a acquis les droits du film.

« Une femme douce » de l’Ukrainien Sergei Loznitsa (« Dans la brume »), libre adaptation d’une nouvelle fantastique de Dostoïevski, sur une femme qui veut rendre visite à son mari, incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis.

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