Cannes 2014: Les rares surprises de la sélection

Fabrizio Rongione et Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne, en compétition au festival de Cannes. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Grace de Monaco d’Olivier Dahan ouvrira, mercredi prochain, le 67e festival de Cannes. Le cinéma belge y sera bien représenté, avec les sélections de Deux jours, une nuit des frères Dardenne en compétition, et de Alleluia de Fabrice du Welz à la Quinzaine.

Chaque année, la sélection cannoise établit le baromètre subjectif mais incontournable de la production cinématographique mondiale. Aussi, convient-il d’en être, et l’annonce du line up, vers la mi-avril, est précédée, pendant de longs mois, de spéculations et rumeurs diverses. Pour autant, les surprises y sont rares, et s’agissant de la compétition, en tout cas, on reste là, bien souvent, entre habitués, rejoints, bon an mal an, par l’un ou l’autre nouveau venu. Le millésime 2014, 67e du nom, ne déroge d’ailleurs pas à la règle, Thierry Frémaux, le délégué général, s’en étant tenu à une stricte orthodoxie cannoise, gage du reste de qualité. Tout au plus si l’on relèvera l’absence de quelques noms prestigieux, les Kusturica, Inarritu ou autre Hou Hsiao-hsien, donnés comme partants presque certains, sans même parler d’Abel Ferrara, dont le Welcome to New York, autour de l’affaire DSK, devait, à en croire les pronostics, venir épicer l’affaire; il n’en sera donc rien.

L’Asie, en berne

Classique, la sélection officielle n’en apparaît pas moins joliment balancée. Comme le veut la tradition, l’éternel cannois aligne ainsi, parmi les 18 films en compétition, son lot d’anciens « palmés » -les frères Dardenne, qui tentent la passe de trois avec Deux jours, une nuit, ou encore Ken Loach, avec Jimmy’s Hall, ou Mike Leigh, et son Mr. Turner-, mais aussi un nombre imposant de cinéastes pour qui la Croisette n’a plus guère de secrets, à savoir les Olivier Assayas (Sils Maria), Bertrand Bonnello (Saint Laurent, avec Jérémie Renier), Nuri Bilge Ceylan (Sommeil d’hiver), Andrey Zvyagintsev (Leviathan), Michel Hazanavicius (The Search), Atom Egoyan (Captives), David Cronenberg (Maps to the Stars), Abderrahmane Sissako (Timbuktu) ou autre Naomi Kawase (Still the Water). La cinéaste japonaise y est par ailleurs la seule représentante du cinéma asiatique, mais pas l’unique femme, l’Italienne Alice Rohrwacher (Le Meraviglie) comptant parmi les invités-surprise de la sélection, au même titre que l’Argentin Damian Szifron (Wild Tales).

Enfin, si le cinéma américain n’y a droit qu’à deux entrées (Foxcatcher de Bennett Miller et The Homesman de Tommy Lee Jones), la compétition salue encore le retour de Jean-Luc Godard, en 3D encore bien avec son Adieu au langage, tout en ouvrant ses portes au prolifique Xavier Dolan (Mommy). Plus aventureuse -on y compte six premiers films-, la section Un Certain Regard en reste le digne pendant. Ryan Gosling y fait ses débuts à la mise en scène avec Lost River, rejoignant d’autres acteurs/réalisateurs comme Mathieu Amalric (La Chambre bleue, d’après Simenon) ou Asia Argento (Incompresa). Du beau monde, assurément, à qui l’on peut encore ajouter Pascale Ferran (Bird People), Wim Wenders (Le Sel de la terre, coréalisé avec Juliano Ribeiro Salgado) ou Lisandro Alonso, dont le Jauja a conduit Viggo Mortensen au coeur de la pampa.

Films de genre

Longtemps pressenti en compétition, le Bande de filles de Céline Sciamma (Tomboy) fera pour sa part l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs. La sélection concoctée par Edouard Waintrop ne manque assurément pas d’allure, accueillant notamment les vétérans John Boorman (Queen and Country), Isao Takahata (The Tale of Princess Kaguya) ou Frederick Wiseman (National Gallery), tout en faisant la part belle aux découvertes mais aussi aux films de genre -ainsi du Alleluia de Fabrice Du Welz, qui retrouve la Croisette dix ans après Calvaire, de A Hard Day du Coréen Seong-hun Kim ou encore, cerise sur un gâteau sanglant, du cultissime The Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper, proposé en séance spéciale. La Semaine de la Critique, pour sa part, maintient sa vocation défricheuse, alignant premiers et deuxièmes longs métrages -au rang desquels It Follows de l’Américain David Robert Mitchell, révélé il y a quelques années par The Myth of the American Sleepover, mais aussi Respire de Mélanie Laurent, trois ans après Les Adoptés, son premier opus diversement apprécié. Enfin, ultime cocorico, on pointera encore la sélection, en compétition officielle des courts métrages cette fois, des Corps étrangers, de la cinéaste belge Laura Wandel

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