Critique

Arthur Christmas (Mission: Noël)

ANIMATION | Fond et forme peinent à s’accorder dans la nouvelle production des studios Aardman, pas moins réjouissante pour autant.

Enfin un film de Noël qui prend en compte les cheminées trop étroites, les caméras de surveillance ou la croissance démographique au moment d’envisager la traditionnelle tournée de son pourvoyeur de cadeaux en chef. Plus grisonnant et bedonnant que jamais, le Père Noël, en effet, n’est pas Mandrake, ni même Majax, et doit être détenteur d’un bien fameux secret pour parvenir, en 2011, à déposer en une seule et même nuit un paquet dans chaque chaumière de la planète abritant un enfant sage. C’est surtout, à vrai dire, que le vieil homme, son fiston passé maître en matière d’organisation, ses elfes suréquipés et son gigantesque traîneau supersonique sont rompus à la technologie de pointe. Et que la distribution des cadeaux de Noël s’apparente désormais à une véritable opération commando. Nette et sans bavure.

Sauf que cette année, un enfant a été oublié. Et le second fils de Santa, Arthur, gentil gaffeur au coeur tendre sensible plus qu’à tout à la magie primitive de Noël, de se lancer dans une folle virée à l’ancienne en compagnie de son grand-père acariâtre, Papa Noël d’une autre ère ruminant sa gloire passée du haut de sa retraite, pour livrer le cadeau manquant en temps et en heure…

L’ancien et le nouveau

Si le film essaie tant bien que mal de réconcilier l’ancien et le nouveau, se dégage surtout de cet Arthur Christmas un fort parfum de nostalgie, confinant par endroits à du passéisme pur et simple. Ceci alors même qu’esthétiquement, la fable fait la part belle aux nouvelles technologies. Et tout le film de pouvoir ainsi être envisagé comme une vaste métaphore du contexte de production qui l’a vu naître, Arthur Christmas consacrant la première collaboration entre les studios Aardman et Sony Pictures. Soit, pour faire court, l’union du petit poucet briton et du géant américain, de l’artisanat et du numérique.

Chantres du film d’animation racé à la sauce anglaise (Wallace & Gromit, Chicken Run), les studios Aardman font ainsi une nouvelle fois -5 ans après la sortie d’un Flushed Away peu inspiré produit en collaboration, déjà, avec un studio américain, DreamWorks- une croix sur l’une de leurs marques de fabrique les plus singulières, l’animation en stop motion (image par image, donc), pour sacrifier à la mode souveraine des images de synthèse. Pas un problème en soi, à moins de considérer que ce déploiement technologique parasite quelque peu la morale, aussi gentille que surannée, d’un film n’en finissant pas de vanter les méthodes old school: Noël est avant tout une affaire de coeur. Cet Arthur Christmas n’étant d’ailleurs pas à un paradoxe près puisque sa scène d’ouverture, high tech au possible, en est aussi la meilleure.

Fond et forme peinent donc à accorder leurs violons, ce qui n’enlève rien, par ailleurs, à l’indiscutable efficacité de ce divertissement familial réjouissant, gavé de trouvailles visuelles, et qui ne laisse aucune place au moindre temps mort. Noël avant l’heure, en somme.

Nicolas Clément

Arthur Christmas, film d’animation de Sarah Smith. Avec les voix de James McAvoy, Hugh Laurie, Bill Nighy. 1H37. Sortie: 23/11. ***

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