2017, année de la femme au cinéma (et pas seulement à cause de l’affaire Weinstein)

Avec Les Proies, Sofia Coppola offrait une relecture au féminin du roman de Thomas P. Cullinan. © sdp
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

De la super-héroïne de DC Comics aux Certain Women de Kelly Reichardt, en passant par Les Proies de Sofia Coppola, ou la Jeune femme de Léonor Serraille, 2017 s’est déclinée au féminin devant et derrière la caméra.

Année de la femme, 2017? Au cinéma, certainement, et pas seulement parce que l’affaire Weinstein a libéré une parole trop longtemps contenue. Rarement, en effet, le cinéma était-il apparu à ce point comme une affaire féminine. Ainsi, l’année écoulée aura-t-elle consacré les retours de Sofia Coppola, pour une relecture au féminin des Proies, monument de la filmographie de Clint Eastwood; Kathryn Bigelow, pour un regard à distance sur les émeutes ayant agité Detroit en 1967; Fien Troch, avec un Home à fleur d’adolescence; Claire Denis, accompagnant Juliette Binoche par Un beau soleil intérieur; Rebecca Zlotowski, conviant Natalie Portman et Lily-Rose Depp à Paris pour Planetarium; sans oublier Andrea Arnold et Lynne Ramsay qui auront respectivement porté, avec American Honey et You Were Never Really Here, deux des gestes cinématographiques les plus fulgurants que l’on ait vus ces derniers mois. Ces cinéastes établies auront été rejointes par Sara Forestier, passée de l’autre côté de la caméra pour M; Julia Ducournau, osant un cinéma de genre décomplexé avec Grave, ou encore Léonor Serraille, dont la Jeune femme est repartie de Cannes avec la Caméra d’or.

Elles sont également nombreuses à avoir aimanté les regards des spectateurs: Gal Gadot/Wonder Woman a fait souffler un vent de renouveau sur les films de super-héro(ïne)s, tandis que Charlize Theron jouait les Atomic Blonde et que la Laureline de Cara Delevingne en remontrait à Valérian dans l’adaptation de Luc Besson. Sur un mode plus intimiste, on aura salué la fiévreuse Félicité d’Alain Gomis, mère ourage lancée dans les rues de Kinshasa; la mélancolie « indie » charriée par le 20th Century Women de Mike Mills; la lignée matriarcale à l’oeuvre dans Comme nos parents de Laís Bodansky; La Femme douce errant dans la Russie dépressive de Sergei Loznitsa; la volontaire Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot; Fanny Ardant en Lola Pater et Catherine Frot jouant les Sage femme face à l’autre Catherine du cinéma français, Deneuve; Jackie Kennedy, au coeur d’un biopic détourné de Pablo Larraín; la Lady Macbeth de William Oldroyd, prête à tout et plus encore pour se libérer de carcans d’un autre âge. Et toutes les autres, filmées de Noces à On Body and Soul, ces Certain Women accédant, devant la caméra pudique et attentive de Kelly Reichardt, à une grâce discrète transcendant le quotidien…

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