Quand la culture rejoint l’humanitaire

Josefa Rabelade, une des 7 artistes du Cap Vert © Strokar

Alors que l’exposition Living in the Positive se tient jusqu’au 26 mai, nous sommes allés à la rencontre d’Alexandra Lambert, cofondatrice de Strokar, l’association qui met l’art de rue en avant.

Né de la rencontre de Fred Atax et d’Alexandra Lambert, Strokar est une initiative visant la promotion d’artistes nationaux et internationaux. À travers la photographie, le street art, les arts plastiques et visuels, ainsi que via le cinéma et les arts de la scène, l’association a pour objectif d’encourager l’expression artistique sous toutes ses formes mais pas seulement: « Strokar a un objectif humanitaire de développer les échanges avec des pays émergents où les artistes n’ont pas toujours l’occasion de s’exprimer et de les faire connaître chez nous, mais aussi d’envoyer des artistes de chez nous là-bas. Un des objectifs est également de faire découvrir des populations que personne ne connaît: Fred a fait un voyage l’an passé au Cap Vert et a découvert le peuple des Rabelados. C’est une communauté de 300 personnes qui vit recluse dans les montagnes et qui a refusé de se faire coloniser et évangéliser par les prêtres catholiques portugais. Fred a rencontré 7 de leurs artistes. Il leur a fourni du matériel et des photos afin qu’ils puissent retravailler ses clichés à leur manière, avec le regard particulier qu’ils portent sur le monde et avec la culture qui leur est propre », explique Alexandra.

Un concept pluridisciplinaire

Cette 2de édition de l’exposition, baptisée Living in the Positive, nous fait (re)découvrir les clichés de Fred Atax, réinterprétés à leur manière par pas moins de 50 artistes de rue. « Bizarrement, on a remarqué que la photo était un support qui n’était pas tellement travaillé par les street artists. Fred a un peu lancé le mouvement et depuis on en aperçoit de plus en plus. On tient également beaucoup à cette interdisciplinarité et à vraiment créer quelque chose de nouveau et inédit qu’on ne trouvera que chez Strokar », justifie Alexandra, sans aucune prétention. Parmi les maîtres présents, on trouve notamment Denis Meyers, Steve Locatelli, Parole, Jaune, Nova Dad, Bold ou encore Kashink. Alexandra nous explique comment ces derniers ont été amenés à participer au projet: « Soit ce sont eux qui se proposent, soit c’est nous qui allons les chercher. Fred opère quand même à une sélection personnelle et repère aussi des artistes qui lui plaisent mais parfois ça peut mettre jusqu’à 1 an et demi avant que l’artiste vienne. C’est en train de changer parce qu’on commence à être connu dans le milieu et pas mal d’artistes ayant une certaine réputation au sein de la communauté participent au projet, du coup ça a fait du bruit. » Collages, tags, peintures: toutes les techniques sont bonnes pour sublimer les captures de l’ancien photoreporter et si le résultat est parfois surprenant, il n’en est pas moins agréable à regarder.

Des projets multiples

En plus de cette exposition qui se terminera le 27 du mois, Fred et Alexandra ont ouvert, dans le courant du mois d’avril, une galerie « dans le but de diffuser des artistes de manière pérenne et de ne pas juste proposer une exposition one shot de 2 semaines », confie vigoureusement Alexandra. Dans le but de « valoriser le street art, de revendiquer une vraie forme d’engagement et de défendre les minorités », l’ancienne directrice du Mad développe: « On veut vraiment placer Bruxelles sur la carte du street art mondial. La ville et l’échevinat de la culture nous soutiennent et sont dans la même optique que nous, à savoir internationaliser Bruxelles sur le plan du street art. Cette année, on a eu le temps d’opérer à une sélection qualitative des oeuvres pour l’exposition, ce qu’on n’a pas eu le temps de faire l’an passé. On a été à la conquête de nouveaux artistes et on collabore avec le Jam Hôtel pour faire des fresques murales. On prévoit de faire 3 fresques murales en ville, exclusivement réalisées par des artistes féminines, parce qu’elles ne représentent que 5% de la communauté mondiale des street artists. »

L’exposition voyagera à Paris à la rentrée prochaine et sera accueillie au Centre Wallonie-Bruxelles. « Le centre a décidé de faire une grosse exposition sur le street art et on se rend compte que les portes s’ouvrent pour montrer ce genre de discipline. On va aussi faire un hors les murs: il y aura une oeuvre de Fred et Denis Meyers au musée du street art, à Paris. On va aussi collaborer avec les fonds de dotation d’Agnès B. Enfin, l’exposition devrait voyager jusque Kinshasa: on partirait avec des artistes d’ici pour travailler avec des artistes locaux et créer l’exposition sur place », raconte la passionnée d’art urbain. « Peut-être que les projets de cette année vont apporter d’autres choses également, ça reste à voir.« 

Calvin Van der Ghinst

Living In The Positive, du 18 au 27 mai, de 11h à 18h, à l’Espace Vanderboght, Bruxelles. www.strokar.be

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