L’oeuvre de la semaine: Par-delà les drapeaux

Omar Ba. © Copyright de l'artiste et galerie Daniel Templon Paris-Bruxelles
Guy Gilsoul Journaliste

Sur un carton ondulé, le Sénégalais Omar Ba (°1977) a inscrit sa terre en noir. Puis des drapeaux et autres  » étiquettes  » dispersés et de très petites tailles.

Les uns appartiennent au capitalisme occidental. Les autres aux nations colonisées. Il y a aussi quelques figures locales, d’autres venies armées. Puis, d’autres informations qui paraissent naître des profondeurs du sol et, par tracés de pointillés blancs, se répandre au-delà. Bien au-delà de toutes les frontières. Dans l’océan. Ou le vide, ou le ciel. Ce sont des signes et des pictogrammes tracés en des épaisseurs évocatrices de boyaux ou d’artères. Certains évoquent des personnages qui furent ceux, peints ou gravés sur les roches à l’heure de la Préhistoire. D’autres sont des hybrides ailés.

On voit aussi des tracés abstraits renvoyant au symbolisme traditionnel que l’on retrouve sur les masques, les poteries ou encore les tatouages. Ils désignent des territoires sacrés, des paroles, des parties du corps. Mais au milieu d’eux, il y en a qui n’expriment que la gestualité dont l’Occident a fait la marque de l’énergie créatrice.

Et là est le sens de l’oeuvre d’Omar Ba : réunir les opposés sans désigner l’issue. L’Occident et l’Afrique, le réel et son contraire, le féminin et le masculin… En cela, il rappelle l’importance des racines séculaires qui associent dans leurs imaginaires végétaux, animaux et humains en une seule et même essence. Dans son travail, il l’incarne par un foisonnement de couleurs et de traits imbriqués qui font de ses compositions échevelées de véritables brasiers auprès desquels, il fait bon se réchauffer l’esprit. Une première exposition solo en Belgique pour cet artiste installé depuis 2003 en Suisse.

Bruxelles, Galerie Daniel Templon. 13A rue Veydt. Jusqu’au 23 juillet. www.danieltemplon.com

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