L’oeuvre de la semaine: Opalescence

Hans Op de Beeck, Frozen Vanitas © Hans Op de Beeck, Château de Gaasbeek
Guy Gilsoul Journaliste

Cela se passe dans un château. On y accède par un très long chemin boisé. Gardé par des paons, l’impressionnante architecture s’élève par-dessus la campagne du Pajottenland. Entrons, le parcours sera long et surprenant. L’oeuvre de Hans Op De Beeck est la première d’une longue série choisie et mise en scène par la compagnie théâtrale  » Abattoir fermé  » à partir du roman  » A Rebours  » de Joris-Karl Huysmans.

On le sait, le héros, Jean des Esseintes illustre les partis pris et la créativité rebelle et singulière d’un « décadent ». En réalité, ce mouvement né à la fin du XIXe siècle réunit des personnalités dont Oscar Wilde, qui, insatisfaites par le présent bourgeois et matérialiste, se livrent à toutes sortes d’expériences obscures autant que fascinantes et interdites. Avant de rejoindre Félicien Rops, Odilon Redon et autres Carlos Schwabe, avant d’affronter l’oiseau de Jan Fabre, les perversions lascives de Terry Rodgers, les parures imaginées par John Galliano et les compositions morbides de Joel-Peter Witkin, Hans Op De Beeck accueille le visiteur avec une Vanité. On y reconnait les objets traditionnels liés à ce genre particulier de la peinture ancienne. Les bougies allumées indiquent la finitude, le crâne la destinée alors qu’autour, l’opulence des biens matériels induisent l’illusion.

Mais au sein de ce trop-plein intemporel, on reconnait les signes de notre temps : un GSM, un soulier de princesse à haut talon ou encore une ampoule électrique. Mais au lieu de les présenter de manière littérale par une pratique d’assemblage d’objets, l’artiste bruxellois en fait des moulages qu’il traduit ensuite dans une matière uniforme, givrée et quelque peu mélancolique.

Gaasbeek, château. « Décadence divine ». Kasteelstraat 40. Jusqu’au 26 juin. www.kasteelvangaasbeek.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content