L’oeuvre de la semaine : Les jardins d’Hélène

Exposition Delprat à la Maison rouge. Vue partielle de l'exposition. © Guy Gilsoul
Guy Gilsoul Journaliste

Hélène Delprat, le crâne lisse, s’aventure au pays d’elle-même dans une scénographie explosive autant qu’irradiante.

On se heurte aux toiles monumentales, glisse devant les vidéos, contourne des installations, lit des phrases d’étrangetés et entrevoit mais sans déranger deux homme-oiseaux assis dans un divan cossu fixant un programme de télévision. On s’approche de bas-reliefs en cheveux noirs, se fige face à un miroir déformant gardé par deux monstres inquiétants et franchit un portail en polystyrène pour entrer de plein pied dans un palais d’Otrante en paillettes argentées sur un des murs duquel l’artiste, une perruque en papier ondulé sur la tête et portant mouche au visage et crinoline sur le corps, sur fond d’une musique de Lully devient Louis XIV. L’oeuvre, c’est tout cela plutôt qu’une seule qu’on isolerait même si chacune porte un potentiel sulfureux d’évasions et de réflexions sur la condition de femme. Oui, avec malice et sans concession, Hélène Delprat s’aventure en ses rancoeurs et profondeurs par le biais d’emprunts et d’images venues des mondes dans lesquels elle se métamorphose. On songe à Ovide. On y croise Cocteau, Marivaux, Disney, Godard, Cahun, des peintures anglaises du XVIIIe siècle, des motifs décoratifs, des poulpes et des chevaliers, des contes de fée et des récits d’horreur. Alors oui, pour fêter ses 60 ans, Hélène Delprat s’est vu offrir l’occasion d’une immense mise en scène réalisée avec la complicité du décorateur de cinéma Benoit Pfauwadel. L’oeuvre trouble, dérange, amuse et surtout appelle avec ironie souvent les parts enfouies dans les méandres de nos synapses.

Paris, La Maison rouge. Hélène Delprat « I di dit My Way ». 10 boulevard de la Bastille. Du mercredi au dimanche de 11h à 19h. www.lamaisonrouge.org

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