L’oeuvre de la semaine: Les couleurs de Proust

Les couleurs de Proust: Ane Vester © DR
Guy Gilsoul Journaliste

L’abstraction géométrique a le vent en poupe. Un peu partout on ressort les oeuvres des années anciennes et particulièrement celles nées après 1945. Du coup, de nombreux jeunes artistes se plient au jeu des accords francs entre formes simples et teintes plates.

Cet enthousiasme rejoint celui pour les objets Design et la sobriété lisse des produits industriels dont les grandes foires d’art contemporain sont friandes. Pourtant, certains peintres ont récemment renouvelé les fondements de ces plages chromatiques aux angles droits. Ainsi l’Américain Peter Halley dont les compositions sont directement inspirées par l’urbanisme totalitaire de Manhattan. La Danoise Ane Vester creuse un autre chemin qui n’est pas sans évoquer les fameuses madeleines de Proust. Chez elle, ce sont les souvenirs de lieux intimes qui lui servent de tremplin. Une salle de bain, une cuisine, un coin de chambre, voire des objets familiers comme une tasse ou une nappe unie dont la couleur seule suffit à raviver la mémoire d’instants d’harmonie. Ils possèdent les chromatismes du Danemark intime, doux et calmes, toujours un peu lactés et parfois vivifié par un orange ou un bleu plus vif. Les teintes intègrent alors deux ou trois rectangles qui, avec une délicatesse toute en murmures, vont s’articuler les uns aux autres. On pourrait situer le travail dans une forme de post-minimalisme mais ce serait ignorer le fondement même de ce mouvement et son refus de toute forme d’intériorisation, voire d’introspection.

Bruxelles, Rossicontemporary. Jusqu’au 14 mai. Rivoli Bulding. 690 chaussée de Waterloo (Bascule). www.rossicontemporary.be

A voir aussi Peter Halley, Knokke, Jablonka Maruani Mercier Gallery. Jusqu’au 28 avril.

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