L’oeuvre de la semaine: Le maître des illusions

Chambre d'hôtel à Berlin, 1983. De Barend Blankert. © De l'artiste et Mineta Contemporary, Brussels
Guy Gilsoul Journaliste

La peinture figurative relève d’une exigence rarement rencontrée aux cimaises des galeries. Le Hollandais Barend Blankert est de ceux qui affrontent le réalisme d’une scène avec l’esprit d’un peintre abstrait des plus exigeants.

Internationalement, ce septuagénaire solitaire est reconnu comme l’un des maîtres du genre. Mais qu’est-ce qui pousse les collectionneurs (et ils sont nombreux) à vivre aux côtés d’une oeuvre qui s’exprime avec autant de retenue. Car il ne se passe rien. Ni action, ni émotion exprimée.

Un homme (le peintre) est assis sur le bord d’un lit. Une jeune fille nue pose, de profil sur un fond neutre. Là, un meuble ancien ou encore une table sur laquelle est déposé un instrument de musique. Là, une vue d’un lit double dans une chambre à Berlin. Rien, vous disait-on. Ou si peu.

Chez Hopper par exemple, cette banalité contient une attente, un mystère de la communication. Ici, aucun thème particulier. C’est donc par la seule pratique picturale que la fascination opère. On s’approche, on passe d’un coin de la toile à un détail, on recule, on s’approche à nouveau. Le dessin est précis, les touches de couleurs posées avec un calme infini, une immense patience.

Et voilà, le mot lancé : la patience. S’il faut, dit-on, d’abord inviter le silence avant d’écouter la musique, il en va sans doute de même pour certaines peintures. Et de songer à Vermeer ou à Morandi. Des moments riches. Une expérience à laquelle nous invitent aussi les compositions de Blankert.

Bruxelles, Mineta Contemporary. « Silence, oeuvres de Barend Blankert ». av Guillaume Macau, 38. Jusqu’au 15 novembre. Du Me au Sa de 14 à 19 heures. www.minetafineart.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content