L’oeuvre de la semaine : L’homme, ce héros !

Richard Phillips, As Yet Titled (New Horizontal), 2016, 271,8cm x 330,2 cm © Richard Phillips, Almine Rech Gallery
Guy Gilsoul Journaliste

De ce corps d’athlète émane une force consciente de sa puissance. Le cheval dominé dit combien ce héros que la nudité rend intemporel se nourrit à la fois de volonté et de conscience. Cette iconographie fût à l’origine, celle de la Grèce antique qui visait à trouver l’image statuaire juste pour dire dans l’espace public, son émancipation politique dès les premières années du Ve siècle avant JC.

Du sportif maîtrisant les rennes d’un char (l’Aurige De Delphes) à ces autres, brandissant le bras dans un mouvement arrêté (les Tyrannoctones), les solutions obéissaient toutes à un code commun tout comme les Pin-up de Play-Boy ont le leur. Mais depuis, cette grammaire « à la grecque » s’est adaptée aux rapports que les sociétés moins démocratiques entretiennent avec le pouvoir. Que l’on songe à l’art romain et plus près de nous aux esthétiques prônées par les dictatures du XXe siècle.

Or, justement, les documents qui ont servi de base au travail du peintre américain Richard Phillips (°1962) proviennent de la commande faite par Mussolini à des photographes priés de produire des images éloquentes à partir des oeuvres conservées au Palazzo della Civilta et au Foro Italico. En clair, des images de propagande qui seront utilisées à l’occasion de la Foire mondiale de 1942 et dans le cadre des jeux Olympiques de 1944.

A partir de là, le peintre aujourd’hui basé à New-York, opte pour un éclairage éblouissant à base de peinture fluorescente à l’huile qu’il dispose au couteau plutôt qu’au pinceau dans une surface balayée par de fines rayures. Avec ce procédé, accentué encore par l’adjonction d’émulsion de cire, il propulse l’image dans un autre temps (proche de l’esprit Pop et de la publicité joyeuse) tout en lui ôtant de ce fait, son caractère héroïque.

En fait, depuis ses débuts, au milieu des années 1990, Richard Phillips s’est penché à la fois sur l’usage par les pouvoirs (politiques ou commerciaux) du héros « vendeur » tout en s’intéressant à certaines figures de la contre-culture comme Sharon Stone et Jim Morrisson.

L’oeuvre ici présentée participe à la première exposition personnelle en Belgique de l’artiste qui après avoir conquis New-York, a multiplié depuis les années 2000 les expositions à Zürich, Eindhoven, Düsseldorf, Hambourg ou encore Athènes dans la célèbre galerie Gagosian.

Bruxelles, Galerie Almine Rech.20 Rue de Abbaye. Jusqu’au 25 février. Du mardi au samedi de 11h à 19h. www.alminerech.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content