L’oeuvre de la semaine: « Heigh Ho, Heigh Ho… »

Guy Gilsoul Journaliste

Sur un air de « Heigh Ho, Heigh Ho, on rentre du boulot », trois nains à la queue leu leu ont fait leur entrée dans la galerie de Xavier Hufkens.

De petits oiseaux sur la tête, le visage lisse et joufflu, ils s’en reviennent d’une journée de travail, le sourire aux joues parce que, non loin, comme nous l’a appris le célèbre conte de fée des Frères Grimm, la belle et jolie Blanche-Neige n’est pas loin. Et de fait, dans une autre salle, ce sont trois têtes monumentales de l’héroïne, en rouge, en bleu et en jaune, qui surprendront le visiteur.

Paul McCarthy, White Snow, Dopey, Black Red White, White. 2011 2015. Courtesy The Artist and Xavier Hufkens, Brussels.
Paul McCarthy, White Snow, Dopey, Black Red White, White. 2011 2015. Courtesy The Artist and Xavier Hufkens, Brussels.© Photo Walla Walla Foundry, Los Angeles.

Et comme l’histoire finit bien, on découvre aussi, ailleurs encore, le Prince charmant et la belle alors que dans le jardin, un ensemble rouge Ketchup, avec Bambi en prime, évoque les sculptures héroïques du XIXe siècle. Mais attention, les oeuvres ont été imaginées par le plus iconoclaste des artistes de la côte Ouest des Etats-Unis, le scandaleux Paul McCarthy qui, souvenez-vous, avait voici peu, planté un sextoy en plein coeur du Paris chic. Parmi ses cibles, le monde enfantin et merveilleux de Disney dont il caricature ici le style tout en rondeurs et gentillesses.

Du coup, Blanche Neige a la tête transpercée par un pieu au bout duquel est fiché un crochet. Sa peau est gangrénée de coulures. Une biche bien mignonne voisine une nudité provocante et l’ensemble en bronze patiné du Prince et de Blanche-Neige est rendu presqu’illisible tant s’y mêle ruptures d’échelles et mélanges de pattes. En bois précieux, laissé au naturel ou peint comme dans le cas des trois nains blancs, les oeuvres nouvelles de Mac Carthy ici dédiées à « White Snow » (WS qui peut aussi renvoyer à la cocaïne) relèvent une fois encore de cette rage au ventre (et plus bas) que l’artiste californien mène sur différents fronts de la fiction américaine tout en jouant avec le côté brillant de l’exploit technique d’une réalisation abandonnée aux procédures informatiques 3D bien connues des grands bureaux d’architecture. Dans la seconde galerie Hufkens (Rivoli), c’est au western façon John Wayne que l’artiste de Los Angeles s’en prend en renouant là, avec des assemblages et coulures anales dont il a depuis longtemps, le secret.

Bruxelles, Galerie Hufkens, 6 rue Saint-Georges (1050). Jusqu’au 22 octobre. Tous les jours sauf dimanche et lundi de 11 à 18 heures. www.xavierhufkens.com

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