L’oeuvre de la semaine: De l’autre côté

Véronique Poppe, La caresse du vent, fusain sur papier © DR
Guy Gilsoul Journaliste

Les dessins de Véronique Poppe (1958) s’adressent au regard intime. Il faut s’approcher des feuilles noircies au fusain. Leur taille l’exige. Et aussitôt le tracé impose une relation particulière et silencieuse.

L’oeuvre engloutit peu à peu le regard comme l’étang, la pierre jetée. Rien de violent, aucune affirmation et à leur place, une lente et patiente, voire obsessionnelle descente au coeur d’une silhouette, d’un visage, d’une chevelure. L’image perçue et désignée communique aussitôt une sensation d’étrangeté comme si, elle nous disait qu’à tous les instants, la vie pouvait basculer. Comme si tous les jours d’une vie se construisaient entre le fait réel et le flou d’un souvenir. Ainsi ce personnage surgi d’un paysage qu’il foule aux pieds. « Caresse du vent » indique le titre. Que balaie-t-elle à son passage ? Remarquez comme le visage lui-même en partie s’efface alors que les herbes aux alentours en sont l’écho bruyant. Mais ici, le trouble vient surtout d’une inversion des valeurs. L’artiste projette son « sujet » dans l’envers de l’image. Le dessin évoque davantage le négatif d’une ancienne pellicule que le report d’une image photographique. Le personnage n’existe pas encore. N’existe plus peut-être. La caresse du vent serait-elle celle du temps qui passe et qui efface à son passage, l’opacité des êtres ?

Gand, Galerie Arts & Parts. Kalversteeg. Jusqu’au 24 juillet. Ve, Sa et Di de 14 à 19h. www.artsandparts.be

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