L’oeuvre de la semaine : Couleurs jazzy

Y Zurtrassen, c de l'artiste. Courtesy Studio Zurstrassen. © Yves Zurtrassen
Guy Gilsoul Journaliste

La colle ne fait pas le collage. De même, la couleur ne fait pas le coloriste. Yves Zurtrassen appartient à ce clan des peintres pour lesquels, depuis Titien et Kandinsky, la teinte est d’abord un son qui s’écoute. Elle possède un souffle, une durée, une profondeur qui s’adressent à l’émotion.

Certains cherchent à en rendre l’intensité par un travail sur la nuance, d’autres, par une affirmation plus immédiate et quelque peu extravertie. La musique naîtra de l’articulation de ces notes chromatiques. Comme l’écrivait Henri Matisse, tout se joue dans les rapports. C’est dans cette logique et à partir d’un vocabulaire particulier et non dénué d’audaces que se situe le travail de Zurstrassen. Ainsi, si de nombreux coloristes n’associent que deux teintes (le bleu et le rouge ou le jaune et le bleu autour desquelles gravitent les nuances), le peintre belge convoque au contraire toutes les primaires (jaune rouge et bleu) et leur complémentaires à l’exception du violet, le tout en deux tonalités (claire et foncée). Quant aux formes, elles appartiennent toutes à la même qualité quadrangulaire. Refusant aussi tout focus ou mouvement unique, il disperse ces formes-couleurs de telle sorte qu’elles couvrent la totalité de la surface en juxtaposant autant les teintes voisines que les opposées, ce qui a pour résultat une orchestration plutôt jazzy. La rythmique est alors soutenue par la présence de percussions légères qu’incarnent ici les pochoirs blancs perforés de cercles réguliers et çà et là, un geste plus « lyrique ». Entendez-vous ?

Galerie Valérie Bach. Jusqu’au 3 juin. 15 rue Veydt. Du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h.

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