Jan De Cock attaque les médias: Roularta « ne se sent pas concerné »

L'artiste flamand Jan De Cock. © BELGA/Sven Dillen
FocusVif.be Rédaction en ligne

L’artiste bruxellois Jan De Cock a décidé de poursuivre en justice les groupes médiatiques VRT, Mediahuis, De Persgroep et Roularta Media Group. Il leur reproche un manque criant d’attention à l’art et à la culture et dénonce la toute-puissance de la logique commerciale. Roularta lui répond.

« Jan De Cock est très intéressant et c’est un de nos plus grands artistes. Mais ce n’est pas sa meilleure oeuvre », estime Jos Grobben, le directeur magazines de Roularta. « Nous ne nous sentons pas concernés », ajoute-t-il. « Knack et Focus Knack, comme Le Vif et Focus Vif, consacrent beaucoup d’attention à toutes les formes artistiques. Ou alors, s’agit-il de culture dont il ne veut pas entendre parler? » se demande le directeur.

En outre, l’attention portée à la plainte de Jan De Cock prouve exactement le contraire. « Tous les médias la reprennent. La radio, les sites d’informations, les chaînes télévisées probablement aussi. Il a donc tort. »

La plainte vise Luc Van Den Brande, président du conseil d’administration de la VRT, Marc Vangeel, président du conseil d’administration de Mediahuis, Ludwig Criel, président du conseil d’administration du Persgroep et Hugo Vandamme, président du conseil d’administration de Roularta Media Group.

« Un chouette performer »

Grobben qualifie De Cock de « chouette performer ». Mais cette fois, il se trompe. « Ce n’est pas sa meilleure oeuvre, ni sur le plan de la forme, ni sur celui du contenu. Pourtant, la langue aussi est un art. Et Rik De Nolf a succédé depuis longtemps à Hugo Vandamme comme président du conseil d’administration », explique Grobben, qui ne souhaite pas commenter le suivi juridique de l’affaire. De Persgroep ne désire pas réagir et Mediahuis estime qu’il est trop tôt pour le faire.

Outre les plaintes susmentionnées, Jan De Cock dénonce également « la violation du droit démocratique à la parole et à la réplique – comprenez: c’est l’argent qui détermine le contenu », « la marginalisation rigoureuse des arts et des artistes avec comme conséquence la perte de dizaines de milliers d’emplois », « la manipulation de marché gênante qui consiste à privilégier le kitsch à l’art, entraînant des baisses de prix pour la vraie beauté » et « la chasse aux intérêts qui provoque une négligence esthétique des biens publics nationaux et du patrimoine visuel ».

Sur sept pages A4, l’artiste dénonce le « désintérêt à l’égard des producteurs culturels », « l’érosion systématique de la critique et de ses possibilités démocratiques », « la non-assistance à personne en danger vis-à-vis de la génération d’élèves d’aujourd’hui », « la campagne de dénigrement délibérée faisant des artistes des mendiants dépendants de la bienveillance des concitoyens », la « stratégie de consacrer des milliers de pages et de minutes à l’afflux d’étrangers dans le pays, mais pas une seule seconde à nous artistes locaux, étrangers », etc.

Dommages et intérêts

De Cock exige formellement « d’être dédommagé pour les dommages qui découlent des faits précités. Les dommages infligés à tous ses collègues qui font de la culture et à tous les élèves en devenir qui continuent malgré tout à lutter pour leur place centrale dans cette société afin de préserver les futures générations de votre modèle de marché médiatique creux, infantile et purement économique », écrit Jan De Cock.

« La perestroïka de forme et de raffinement qui ces dernières années est intervenue unilatéralement dans vos médias est indigne et problématique » reproche De Cock aux administrateurs de groupes médiatiques. « Le résultat des nombreuses vagues de renouvellement est un fiasco. Cela a tourné au « selfish selfie ». Ces dernières années, l’analogue a été abandonné en un temps record au profit du numérique malgré la science que la pellicule positive-négative est le seul support qui survivra. De façon identique, vous avez banni l’intellectuel et l’art de vos médias. Toutes ces concessions dociles au marché libéré des nations et la mondialisation qui l’accompagne nous ont pratiquement menés à une unification historique du monde. Les lois de votre capital médiatique transparent donnent l’apparence de nous proposer une vision du monde prétendument panoramique alors que nos écrans et donc vos opinions n’ont jamais été aussi chicaniers et mesquins. »

Cette action se veut un manifeste citoyen pour davantage de culture. Le hastag #jesuisfragile a été créé à cette occasion.

Après Luc Tuymans, Jan De Cock est le deuxième artiste belge à avoir exposé au Tate Modern à Londres et le premier artiste belge vivant à avoir exposé au Moma à New York.

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