Entre la mort de David Bowie et celle du Roi Arthur, d’étranges similitudes

La fresque murale de David Bowie à Brixton, dans le sud de Londres. © REUTERS

Un professeur d’université anglais compare le traitement en image de la mort de David Bowie à celle du légendaire Roi Arthur sur le site de la BBC.

La mort de David Bowie a surpris tous ses fans la semaine dernière. L’artiste avait en effet bien réussi à cacher les maux qui le rongeaient ces derniers mois, jusqu’au choc de l’annonce de son décès le 11 janvier dernier.

Les morts de personnes célèbres, surtout quand elles sont inattendues, ont inspiré de nombreux artistes à travers les siècles, les traduisant en peintures ou en photographies. Les nombreux fans réunis devant une fresque géante de David Bowie à Brixton, dans le sud de Londres, en est un exemple très parlant.

Dans un article de la BBC, Gill Perry, un professeur d’université anglais en histoire de l’art, réalise une comparaison entre le traitement en images de la mort du chanteur caméléon et celle du légendaire roi Arthur dans une peinture du 19è siècle.

Pour Gill Perry, les images de ces hommages devant la fresque de David Bowie dessiné en Aladin renvoient à la peinture de l’artiste préraphaélite du 19ème siècle Edward Burne-Jones, intitulée « The Last Sleep of Arthur in Avalon » (1881-1898) (« Le dernier repos d’Arthur à Avalon »).

Au 19eme siècle, le Roi Arthur était en effet considéré comme une figure légendaire pour les Victoriens. De nombreux mythes autour de ce roi laissaient entendre qu’il n’était en réalité pas vraiment mort et qu’il dormait paisiblement à Avalon, attendant le moment où le peuple aurait besoin de lui. Pour Gill Perry, on observe le même genre de traitement de la mort de David Bowie par ses fans. Ces derniers alimentent le mythe que la star vivra encore à travers sa musique.

The Last Sleep of Arthur in Avalon, Edward Burne-Jones
The Last Sleep of Arthur in Avalon, Edward Burne-Jones© Wikimedia Commons

Le visage peint de Bowie dans son personnage « frappe par un éclair » d’Aladdin Sane sur le mur de Brixton est ainsi devenu dans les heures qui ont suivi sa mort un symbole vivace du pouvoir éternel de son oeuvre, dupliqué sur les visages de ses fans le pleurant à travers le monde.

La pose que prend le Roi Arthur dans la peinture de Edward Burne-Jones prend aussi une valeur symbolique. Il se disait à l’époque que l’artiste, obsédé par sa propre mortalité, dormait dans la même position. Le peintre a travaillé par a-coup sur cette oeuvre entre 1881 et 1898, année de sa mort, la laissant en l’état.

Le professeur Perry fait également quelques parallèles intéressants avec ce qu’on pourrait qualifier de « mise en scène » de la mort de Bowie par l’artiste himself dans son dernier album Black Star, paru seulement trois jours avant sa disparition. En effet, de nombreuses chansons parlent de mort, de maladie et du paradis, dont le clip Lazarus, véritable testament vidéo.

Les images des fans qui pleurent Bowie devant la fresque de Brixton tout comme la peinture de la mort du Roi Arthur recèlent de symbôles qui romantisent la mort. Les instruments de musique de l’époque siècle étant replacés par les smartphones, recapturant et répandant à l’infini le mythe. Sur ces deux représentations, on voit un visage figé et des fleurs. Les deux images rayonnent d’une étrange quiétude, comme si ces moments étaient suspendus dans le temps, pour devenir, au final, éternels.

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