Rois d’Alexandrie

Espagne, début des années 70. Le narrateur raconte sa vie d’adolescent puis de jeune adulte à Palma de Majorque d’abord, Barcelone ensuite, sur fond de musique de l’époque: de Neil Young à Lou Reed, de Bowie aux Stones. Et stone, le jeune homme qui a raté Mai 68 (trop jeune à l’époque) l’est parfois dans cette Espagne au franquisme corseté, mais déjà moribond comme son Caudillo, où seules les moeurs politiques font encore l’objet de contrôle. Une présence grise et martiale en arrière-fond d’une jeunesse dissolue, même pas vraiment rebelle, sans substance -même si les illicites sont en nombre-, qui s’accompagne d’une autre musique: celle des nombreuses amours et des corps perdus… C’est un roman, paraît-il, que signe le Majorquin José Carlos Llop. Difficile pourtant de ne pas croire que cette élégie musicale et corporelle soit autobiographique. Mais finalement peu importe: sa phrase longue, sinueuse, interminable, affiche des airs de figure psychédélique. Rien d’acide pourtant: elle est d’un lyrisme outrancier et forcé, d’un « hippisme » échevelé et chevelu insupportable: celui d’un post-soixante-huitard évincé dont on rêve d’écraser les pieds en sandalettes. Tellement horripilant qu’on en deviendrait presque franquiste…

De José Carlos Llop, éditions Jacqueline Chambon, traduit de l’espagnol par Edmond Raillard, 208 pages.

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