Des chauves-souris, des singes et des hommes

D’emblée, le ton est donné: aucune des histoires chorales composant ce récit africain ne trompe le lecteur quant à son inéluctable fin tragique. Ni celle de la petite Olympe, rejetée par les garçons partis chasser, qui ramasse une chauve-souris au pied d’un arbre pour l’exhiber au village, ni celle des garçons ramenant sur leur dos un grand singe au pelage argenté trouvé mort dans la forêt. Et ce ne sont ni Virgile ni Agrippine, venus d’Europe pour étudier les maladies endémiques pour l’un et collaborer à une campagne de vaccination pour l’autre, qui vont apporter plus d’espoir. Par insouciance, croyance ou ignorance, chaque acteur sera à son insu le vecteur du mal. Paule Constant, prix Goncourt, raconte -sans jamais la nommer- les mécanismes de la propagation d’Ebola, pandémie qui a frappé l’Afrique il n’y a pas si longtemps. Paradoxalement (et c’est là que l’on reconnaît une grande écrivaine), l’écriture est sans pathos, avec même par moments quelques notes d’humour et de poésie. Si le 9e art puise de plus en plus dans la littérature, l’implication directe de l’écrivain dans l’adaptation en BD est plus rare. Le pari est plus ou moins réussi car nous sommes davantage ici dans du texte illustré que dans de la véritable bande dessinée. Quoi qu’il en soit, les tons pastel de Barroux, bien que fortement colorés, ne rendent pas l’ensemble plus joyeux.

De Paule Constant et Barroux, Éditions Gallimard, 80 pages.

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