Les séries en Belgique: l’heure du bilan

La Trêve © RTBF
Nicolas Bogaerts Journaliste

Professeur en sciences de la communication à la VUB, Tim Raats est le co-auteur d’une étude sur la production audiovisuelle en Région flamande pour le compte du ministère de la Culture. Avant la keynote qu’il donnera dans le cadre du festival Are You Series? (Econopolis Evaluation of Flemish drama support), il a étendu son analyse à la Fédération Wallonie-Bruxelles et livre à Focus ses conclusions.

Sur quelles bases avez-vous commencé vos recherches en Flandre?

Nous avons étudié les mécanismes des fonds et des structures de financement ainsi que le volume total des séries. Nous avons relevé le pourcentage de financement public dans les productions, auquel s’ajoute l’obligation qui est faite à Proximus et Telenet, les principaux télédistributeurs en Flandre, de soutenir la production.

C’est déjà un premier domaine de comparaison avec la partie sud du pays?

Les marchés flamand et francophone sont à la fois similaires et différents en ce sens que la Flandre dispose de trois chaînes, VTM, SBF et VRT, qui investissent dans les contenus de prime time. Chaque saison, entre douze et quinze nouvelles fictions originales sont produites et diffusées. En Wallonie, comme la RTBF est pour le moment le seul débouché/producteur, on arrive doucement à deux-trois séries par an.

Cette différence se marque également dans les audiences?

Dans le top 10 des audiences flamandes, si on enlève les événements sportifs, la moitié sont des séries flamandes originales. En Wallonie, La Trêve a culminé à la 77e place.

La Flandre produit des séries continuellement depuis les années 80, tandis que modèle économique au sud est encore très jeune…

Absolument, tout a commencé en 1989 avec VTM qui a déplacé sa concurrence avec la VRT sur le champ des séries. En outre, le marché flamand est très restreint. On n’y regarde pas les programmes hollandais et réciproquement. En Fédération Wallonie-Bruxelles, le grand problème est que le voisin français est énorme en termes de marché et de production. Du coup, il a été très difficile de développer un marché indépendant de séries domestiques. Par contre, point positif, La Trêve et Ennemi Public ont bénéficié d’un plus gros marché à l’export que n’importe quelle série flamande. Et le système des pré-achats a montré ses avantages.

Finalement, les marchés ont évolué de manières très différentes?

Oui, et le Fonds Séries de la RTBF a été très intelligent d’exiger des projets à l’ADN 100 % wallon: chaque euro investi revient en Wallonie. Du côté flamand, la culture a longtemps été de ne pas faire de coproduction. Mais depuis trois ans, il y a eu du changement avec Tabula Rasa, Beau Séjour (Arte) ou Undercover, coproduit par Netflix en échange d’une diffusion sur sa plateforme, hors Bénélux.

Cela se ressent-il sur les budgets?

Un épisode de 52 minutes coûte 300 000 euros en Wallonie, contre 470 000 en Flandre. En Wallonie, les scénaristes travaillent encore en mode guérilla, en étant sous-rémunérés, et beaucoup de projets restent au stade de développement en raison du manque d’expérience de leurs scénaristes et producteurs.

The State of Fiction. Evaluation et perspectives de la fiction belge. Keynote de Tim Raats: le 18/12 à 17h à Bozar. www.bozar.be/fr/activities/128580-are-you-series

>> Lire également notre interview d’Iris Brey: Are You Series?, quand les femmes s’en mêlent.

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