Le Corps des ruines

De Juan Gabriel VÁsquez, Éditions de Seuil, traduit de l’espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon, 512 pages.

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« Il y a deux manières d’appréhender ce qu’on appelle l’Histoire: la vision accidentelle… aux contingences imprévisibles et la vision conspirative. » Le récit s’ouvre au mois d’avril 2014 quand l’auteur-narrateur découvre dans les journaux que Carlos Carballo a été arrêté pour avoir voulu dérober la veste trouée du leader libéral Jorge Eliécer Gaitàn, assassiné un jour d’avril 1948. Or Vásquez avoue avoir côtoyé cet usurpateur imprévisible qui a tenté à l’époque de le convaincre que « la vision accidentelle » peut facilement basculer dans le doute, voire dans une autre vérité quand des zones d’ombre subsistent. Car, selon Carballo, il y a un lien entre le meurtre de Gaitàn, celui du sénateur Rafaël Uribe en 1914 ou encore l’assassinat de John Kennedy à Dallas. Il soutient la thèse du deuxième tireur, l’assassin n’étant que la main d’un commanditaire plus important. C’est « sa vision conspirative ».Vàsquez prendra trois ans pour démonter les événements de 1948, dans un pays où la violence omniprésente occulte souvent d’autres vérités. Autobiographie doublée d’une enquête policière, Le Corps des ruines est un roman dense aux multiples références historiques et littéraires qui nous plonge dans un passé mensonger. Dans Les Réputations, paru en 2014, Vásquez se montrait déjà très critique à l’égard des informations officielles et appelait à réveiller notre esprit critique.

M-D.R.

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