Des dieux sans pitié

nouvelles De Christos Tsiolkas, Éditions Belfond, Traduit de l’anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre, 290 pages.

9

« Pourquoi les gens nous déçoivent-ils toujours un jour ou l’autre? » Avec détermination et bravoure, sans fard et sans filtre, Christos Tsiolkas remonte sur le ring… Et l’époque d’en prendre pour son grade, de voir 36 chandelles. « Je donne un coup de pied dans la porte et il a pas le temps. Un coup de boule, je le cogne si fort avec le front que ça fait le bruit d’une belle cloche orthodoxe dans les montagnes. » Après avoir retourné de bonnes paires de baffes (et quelques estomacs) avec La Gifle ou Barracuda, l’enfant terrible des lettres australiennes multiplie les pains. Ici quinze nouvelles âpres, quinze nouvelles affres où les frustrations, le repli sur soi, la colère et la honte se font pendre haut et court. Affûtée, la plume de Tsiolkas tranche dans les idées reçues, tord le cou aux inégalités sociales, étrangle le conditionnement des comportements (poids de la famille, immigration, sexualité), ce gibier de potence. Dans ces nouvelles au ton juste où les fins de récits montent au ciel, « les femmes ont goût de nectar, les hommes, un goût d’agrume. » Chacun pour soi, qu’on le veuille ou non. Serait-ce ça la vie? Des gens qui s’éloignent et qui s’aiment malgré tout, à l’instar de cette mère perturbée de voir son fils devenir un homme; de ce jeune homosexuel venu avec son compagnon au chevet de son père mourant, atteint du sida; comme ce fils qui lave les fesses de son père, malade d’Alzheimer… La came, le porno, les mots déplacés, Tsiolkas se coltine toutes les mauvaises passes. « Excuse-moi, mate, il a dit d’une voix très triste. Tu vas avoir un bleu. Je t’ai fait un oeil au beurre noir. » Aux lecteurs avertis, un seul conseil: foncez! Ces textes, mate, quel voyage. Un putain de livre!

F.DE.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content