Nous tournons en rond dans la nuit

DE DANIEL ALARCÓN, ÉDITIONS ALBIN MICHEL, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS), 416 PAGES.

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1995, quelque part en Amérique du Sud, dans un pays qui ressemble étrangement au Pérou. Nelson a 17 ans et a été éduqué sur fond de guerre civile. Sa vie n’est pas celle à laquelle ses aspirations le destinaient: son frère aîné est parti pour les États-Unis, sa copine lui est infidèle et il doit s’occuper de sa mère devenue veuve. Il termine le conservatoire, l’avenir lui semble sombre jusqu’au moment où il rencontre une icône du théâtre révolutionnaire, Henry Nuñez, auteur controversé de la pièce Le Président idiot qui lui valut une incarcération pour terrorisme. Quinze ans plus tard, Henry remonte sa pièce et Nelson en deviendra l’un des personnages principaux. En tournée dans les villages reculés du pays, il apprendra la dure loi de l’égocentrisme du dramaturge, incapable de ne pas jouer, quitte à risquer sa peau. Encore peu connu du public francophone, Daniel Alarcón, une des voix de la diaspora sud-américaine, creuse les thèmes de la sauvagerie gratuite, de l’exil et surtout de l’indépendance difficile de la culture face au spectre de la dictature. Fable politique, Nous tournons en rond dans la nuit est un roman ambitieux par l’analyse psychologique subtile de ses personnages et par la construction du récit qui fait passer le lecteur du narrateur omniscient extérieur à un personnage interne qui a côtoyé Nelson à un moment crucial de sa vie.

M-D.R.

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