Raúl Arévalo

RÉALISATEUR DE LA COLÈRE D’UN HOMME PATIENT.

D’où vous est venue l’idée de ce récit vengeur?

Mon père tenait un bar très similaire à celui autour duquel gravitent les protagonistes du film. Un jour, en entendant parler d’un crime particulièrement crapuleux à la télévision, un client s’est écrié que si une chose pareille devait arriver à sa famille, il attraperait un flingue et dégommerait tout le monde. C’est le genre de choses que l’on peut voir de manière très graphique dans un film de Tarantino bien sûr, mais j’ai commencé à me demander à quoi cela pourrait ressembler en vrai si un simple type de la banlieue madrilène décidait de se venger de la sorte. J’en ai parlé à un ami psychologue et, ensemble, nous avons commencé à développer la base d’un scénario.

Comme dans un western, les paysages de la campagne ibérique font figure de personnage à part entière du film. Où ces séquences rurales ont-elles été tournées?

Ces paysages de l’Espagne profonde sont ceux dans lesquels j’ai grandi étant enfant. Mes parents vivaient dans un bled proche de Ségovie, à une heure de route de Madrid. C’est une région particulièrement moche, mais cinématographiquement j’étais convaincu que ça allait fonctionner. Un peu comme dans un western de Sam Peckinpah ou de Sergio Leone, oui. Ce sont des références qui m’ont beaucoup accompagné durant le processus de création. Tout comme les films de Jacques Audiard, de Carlos Saura ou des frères Dardenne. Il s’agit là d’inspirations très éclatées, j’en conviens, mais que je convoque chaque fois à des moments très précis, dans l’idée de transposer un regard spécifique sur le monde dans un univers qui m’est propre. Il me tenait vraiment à coeur de faire un film qui me ressemble avant tout.

Avez-vous l’impression de dire quelque chose sur l’Espagne d’aujourd’hui à travers ce film?

Jamais de manière explicite mais oui, je voulais témoigner de la réalité d’une Espagne peu visible à la télévision ou au cinéma. Prenez, en Italie, les films de Paolo Sorrentino, Matteo Garrone ou Nanni Moretti. Aucun de ces réalisateurs, aussi dissemblables soient-ils, ne cherche à asséner une vérité catégorique sur son pays. Mais de par leurs spécificités, leurs films dévoilent une facette très particulière de l’Italie d’aujourd’hui, qu’elle soit romaine ou napolitaine, décadente ou mafieuse, intime ou violente. Par la bande, chacun d’eux en dit long sur une certaine identité transalpine.

N.C.

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