La vie de brian de palma

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE JAKE PALTROW ET NOAH BAUMBACH.

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C’est un documentaire d’une incroyable intimité et d’une véritable proximité. L’autoportrait en toute simplicité d’un monstre sacré. Né le 11 septembre 1940 à Newark, dans le New Jersey, fils de chirurgien et apprenti scientifique destiné à une carrière dans l’électronique, Brian Russell De Palma est devenu l’un des plus illustres héritiers d’Alfred Hitchcock. Et il en suit les traces jusque dans ce documentaire. Le 13 août 1962, le maître du suspense s’enfermait dans les studios d’Universal pendant huit jours pour une interminable interview avec François Truffaut, alors journaliste aux Cahiers du cinéma, qui déboucherait sur un livre (Le cinéma selon Alfred Hitchcock) puis sur un docu de Kent Jones (L’Homme qui en savait trop). Scénariste (La Vie aquatique, Fantastic Mr. Fox) et réalisateur (Greenberg, Les Berkman se séparent) proche de Wes Anderson, Noah Baumbach n’est pas un illustre pilier de la Nouvelle Vague. Mais tout juste sorti en DVD, le film qu’il consacre avec Jake Paltrow (The Good Night, Young Ones) à Brian De Palma est une assez formidable leçon de cinéma. Face caméra, entre des extraits de ses films et de ceux qui l’ont profondément marqué, De Palma raconte. Il raconte son enfance, sa famille et ses études. Ses relations avec les femmes, son rapport aux sciences et son intérêt pour la révolution cinématographique française. Puis ses grands potes: Steven Spielberg (le premier à avoir un téléphone dans sa voiture), George Lucas, Francis Ford Coppola et évidemment Martin Scorsese…

Il se souvient de Paul Schrader qui lui a amené le script de Taxi Driver mais qu’il trouvait davantage au goût de Marty. Explique sa fascination pour le sang. Le désastre que furent toutes ses concessions. Puis décortique un par un ses films. Sisters dont l’idée lui est venue avec la photo dans Life Magazine de siamoises russes, l’une semblant heureuse et l’autre complètement psychopathe. Ou encore Phantom of the Paradise né en entendant du Beatles musac dans un ascenseur… Son rapport à Orson Welles, sa relation avec De Niro, son clip pour Springsteen et son intérêt pour le split screen… De Palma analyse ses scènes mythiques comme le massacre à la tronçonneuse en salle de bains de Scarface. Il dévoile des anecdotes truculentes et des éléments fort intimes. Un film passionnant qui confirme une chose: jamais un réalisateur ne semble autant se confier que quand il en rencontre un autre.

JULIEN BROQUET

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