Canson Art School Awards 2016: deux Belges dans les lauréats

Château d'eau © Amélie Scotta
Marise Ghyselings Journaliste

Jef Van den Bossche et Amélie Scotta, étudiants à Anvers et Bruxelles, ne sont pas repartis les mains vides des Canson Art School Awards, à Paris. L’un avec le premier prix en photographie, l’autre avec celui en technique libre sur papier. C’est la première année que ce concours, organisé pour les étudiants en art et en photographie, ouvre ses portes à la Belgique. Un début prometteur.

Pour leur sixième édition, les Canson Art School Awards étaient « sous le signe du développement et de l’Europe ». C’est donc dans cette logique que le concours s’est ouvert cette année aux étudiants belges, qui se sont ajoutés aux étudiants de France, Espagne et Portugal, déjà présents aux éditions précédentes. 725 dossiers reçus dont une centaine venant de nos contrées, parmi lesquels Amélie Scotta, 32 ans, et Jef Van den Bossche, 22 ans, ont été sélectionnés et placés sur la première marche du podium dans deux catégories sur les trois que comporte le concours. Rien que ça.

Etudiant à la Haute Ecole Karel de Grote à Anvers, le jeune prodige Jef Van den Bossche, qui a fait le déplacement jusque Paris, n’était même pas au courant de sa récompense pour son reportage photo After Hours. « Je savais que j’étais dans les trois premiers mais pas le premier, c’est une très belle surprise. » After Hours, c’est un jour dans la vie d’une entreprise de pompes funèbres, sans tomber dans le voyeurisme malsain, sans parler d’une mort violente et dévastatrice. « Je voulais surtout souligner la sérénité et le calme. » Pari réussi, le reportage est sensible mais pudique, élégant mais respectueux.

Pour cette édition 2016, une autre nouveauté est arrivée: la catégorie technique libre sur papier, « qui laisse une grande liberté de création et nous a réservé de très belles surprises » selon Catherine Barthe, responsable du Fonds Canson pour l’art et le papier. Une nouvelle catégorie remportée par Amélie Scotta, étudiante à la Cambre de 32 ans, originaire de Nantes. « Je suis inspirée par les écritures et langages mais aussi tout simplement par ma routine occidentale et urbaine. J’aime l’idée de partir d’une réalité banale et peu attirante pour en tirer quelque chose de poétique. » Une idée bien présente dans ses deux séries sur le métro et les immeubles d’habitation, « deux espaces emblématiques d’une société urbaine, surpeuplée et informatisée ». Un contraste noir et blanc entre solitude et promiscuité, à l’aide de la carte à gratter, cette technique longue et désuète qu’elle a voulu remettre au goût du jour. « Ce contraste entre l’emploi des techniques laborieuses du temps long, celui de la transmission et de la tradition, pour dire une temporalité de la communication et de l’instantané, confère à sa démarche une cohérence et une force singulières que le support papier paraît intensifier« , explique Christophe Dosogne, membre belge du jury et rédacteur en chef de la revue Collect AAA, impressionné par le travail de la jeune artiste.

Les oeuvres des lauréats belges sont à découvrir ici.

Visibilité au 59 Rivoli

En plus des deux lauréats belges, sept autres originaires du Portugal, de France et d’Espagne ont été récompensés lors de la cérémonie, au 59 Rivoli à Paris, dans les trois catégories individuelles: dessin et peinture sur papier, photographie et technique libre sur papier. Un lieu incontournable de l’art à Paris dont la façade a accueilli l’oeuvre inédite de cinq étudiants qui veulent dénoncer l’effet de la technologie sur l’Homme. Pour admirer Légumen, lauréate du « Prix façade », les piétons doivent lever les yeux de leur smartphone et éviter de devenir des légumes. En plus de cette visibilité unique, les gagnants ont reçu une bourse de 500 à 1.500€ chacun, ainsi qu’une dotation en produits Canson de même valeur.

De l’inconnu à la reconnaissance

Au total, une dizaine d’artistes en herbe ont été applaudis par un jury qui se base sur l’anonymat et la non connaissance des candidats, laissant leur talent être la seule raison de leur succès. « Ceci nous plonge dans une forme de vide, une réflexion dépolluée de nos nombreuses références professionnelles et relationnelles, où l’inconnu va disparaitre au profit d’un bel horizon« , explique Yves Sabourin, président du jury et inspecteur de la création artistique pour les arts plastiques au Ministère de la Culture à Paris. « Les lauréats présentent des travaux où une maîtrise des techniques est bien présente, soutenue par des réflexions et des imaginaires riches: l’avenir. »

Que ce soit en photographie, en dessin, en peinture ou en technique libre, les jeunes artistes, aussi variés soient-ils, ont tous en commun le papier, la spécialité de la Maison Canson depuis sa fondation en 1557. Une nouvelle génération d’artistes qui prouvent que non, le papier n’est pas mort.

L’exposition de leurs oeuvres se tiendra jusqu’au 10 avril prochain au 59 Rivoli à Paris. L’occasion de visiter également ce lieu unique sur six étages. Une immersion artistique au coeur d’une trentaine d’ateliers où chaque centimètre a été envahi, du sol au plafond, en passant par les escaliers et même la porte d’entrée ultra colorée.

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