On dirait que je suis morte

 » Quel est votre poison? Le Décap’ Four! » À Lowell, Mona, 24 ans, mène une existence désaxée. Le jour, elle fait le ménage chez les riches, perclus d’angoisses et de secrets. Le soir, elle distribue des seringues neuves aux junkies. L’un d’eux, Mr Dégoûtant, lui tape dans l’oeil. Sorti de désintox, il lui fait une cour singulière. Persuadée que rien de bon ne peut jaillir de cette relation, Mona s’y lance pourtant, électrisée qu’on la distingue. Mais entre mensonges et rechute, son pressentiment s’avère réaliste. La fin tragique de leur histoire la pousse à s’installer près du désert, où entre voisins-gourous qui la voient comme un projet d’études et clients frappadingues, elle tente de trouver un ancrage. On s’attache à Mona autant qu’à ces héroïnes de série engluées dans de petites villes mornes et versées d’avance dans l’ornière type Rebecca Bunch ( Crazy Ex Girlfriend) ou Alyssa ( The End Of The F***ing World). L’intimité que découvre Mona en nettoyant lui donne un ascendant singulier mais fait proliférer ses pensées bizarres. Une enfance glauque, un métier aliénant, des histoires d’amour traumatiques? Le mélange de drôlerie et d’étrangeté qu’insuffle l’Américaine Jen Beagin et la personnalité de Mona astiquent pour de bon la réalité sordide. Pari gagné, donc!

De Jen Beagin, ÉDITIONS Buchet-Chastel, traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy, 288 pages.

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