La passion Romy

Romy Schneider aurait fêté ses 80 printemps en 2018. © GETTY IMAGES
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Romy Schneider illumina le cinéma des années 50 aux années 80. Deux livres reviennent sur son parcours, entre failles intimes et beauté rayonnante.

Impériale Sissi avant de devenir une icône absolue du cinéma des années 60 et 70 puis d’être emportée en pleine gloire par une crise cardiaque en 1982, Romy Schneider aurait fêté ses 80 printemps en 2018. Anniversaire à l’origine d’une actualité soutenue, puisqu’à la découverte, dans le circuit festivalier, de Trois jours à Quiberon, biopic d’Emily Atef revenant sur la rencontre de la star, en 1981, avec le photographe Robert Lebeck et le journaliste Michael Jürgs, du magazine Stern, pendant une cure à Quiberon, succède aujourd’hui la parution de deux ouvrages consacrés à l’actrice d’origine allemande: Romy Schneider intime, d’Alice Schwarzer, et un album sobrement intitulé Romy, que l’on doit à Jean-Pierre Lavoignat.

La passion Romy
La passion Romy

À sujet commun, approches différentes: figure de proue du féminisme allemand et fondatrice du mensuel Emma, Alice Schwarzer entreprend de tracer le portrait intime de la femme et de l’actrice, s’appuyant notamment sur leur longue conversation d’une nuit de décembre 1976 qui avait vu la star de César et Rosalie se confier comme rarement. C’est une facette guère connue de son parcours que déflore ici l’auteure, qui pose d’entrée: « Romy espère, cette nuit-là, que je vais la sauver -et la venger. » Allusion à des abus multiples -d’un voisin, de son beau-père, sans même parler des attentes de réalisateurs, à une époque où l’on ne parlait pas encore, euphémisme, du mouvement #Metoo. L’intérêt essentiel de cette biographie tient cependant moins dans ces révélations -il y en a d’autres, comme les sympathies nazies de ses parents-, que dans l’éclairage allemand qu’il apporte sur son parcours. Non sans explorer les failles, doutes et autres tiraillements qui ne cesseront d’écarteler la comédienne – « J’aime mon travail, c’est ma passion mais je suis lasse d’être sans arrêt d’autres femmes que moi. Je veux être enfin moi-même. Je veux enfin me reposer », observe celle dont Claude Sautet, qui la fit tourner dans cinq films, disait qu’elle était « la synthèse de toutes les femmes ». Soit une biographie opérant entre lumières et tourments, dont l’on relèvera encore que certains raccourcis laissent dubitatif -ainsi lorsque Schwarzer exécute La Piscine, le film qui relancera la carrière de Romy Schneider à l’instigation d’Alain Delon, d’un expéditif: « Elle qui a eu beaucoup de flair pour ce qui est de la qualité de ses rôles passe cette fois à côté de la plaque. »

Réédition d’un ouvrage paru en 2012, le beau livre que signe Jean-Pierre Lavoignat, rédacteur en chef de Première avant de diriger Studio Magazine, restaure pour sa part l’image de papier glacé de la star. S’il s’ouvre sur un hommage enlevé à l’actrice de L’important c’est d’aimer, femme lumineuse fascinée par l’ombre, non sans proposer une longue interview de sa fille, la comédienne de théâtre Sarah Biasini, la richesse de cet album réside surtout dans son imposante galerie de photos. Un pied dans la vie et les films, l’autre dans la légende, la somptueuse iconographie voit le sourire rayonnant de Romy se parer, à l’occasion, d’un voile de mystère -définitivement irrésistible…

Romy Schneider intime, d’Alice Schwarzer. Éditions l’Archipel, 180 pages.

Romy, de Jean-Pierre Lavoignat. Éditions Flammarion, 288 pages.

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