Bon sexe, bon genre? Ni d’Ève ni d’Adam

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La réalisatrice suisse Floriane Devigne aborde le sujet de l’intersexualité d’une manière intime et généreuse, sensible et sans excès de pudeur. Grâce à une habile superposition animée, le corps de M, 27 ans, est recouvert d’une pellicule blanche, comme pour gommer toute attribution de genre et faciliter la projection du spectateur et son écoute attentive d’une histoire touchante et ordinaire, couplée à d’autres qui le sont tout autant.  » Je rêve parfois que je n’ai plus ni hanches ni fesses ni jambes. Ma folie ne va pas jusque-là. Il n’y a que le milieu qui m’encombre, son inutilité me glace. » Lorsqu’une personne se bat avec le sexe qui lui a été assigné, son corps et son identité peuvent être un fardeau. M s’ouvre à Deborah, elle aussi jeune intersexuée, universitaire en études de genre en plein mémoire sur la question. Leurs discussions et les réflexions intérieures enclenchées vont bouleverser leurs vies et sans doute aussi les idées reçues des spectateurs. En interrogeant notre regard, les normes sociales que nous nous laissons imposer, c’est toute la définition de la sexualité, de l’identité, de l’homme et de la femme qui prend un coup de jeune.

Histoire d’ouvrir encore le propos, la soirée se poursuit avec Songs for Alexis (01h30), pépite de documentaire signé en 2014 par Elvira Lind, qui se penche sur l’histoire d’amour entre Ryan, adolescent transgenre, et sa copine Alexis. Face aux écueils, aux obstacles, aux jugements et aux courtes vues, Ryan déploie une chaîne YouTube sur laquelle il laisse libre cours à son humour, ses stratégies amoureuses et ses failles. La caméra d’Elvira Lind se glisse avec une immense tendresse dans les recoins de cette histoire d’amour qui ressemble à tant d’autres, quand elle se débarrasse des clichés et des assignations douloureuses.

Ces deux documentaires, aux frontières du cinéma et de l’autofiction, sont un véritable onguent après la première partie de cette soirée « sexe » démarrée sur de navrantes prémices. Dans La Sexualité dans tous ses états (21h), nouvel épisode des Aventures de médecine, le bon docteur Michel Cymes aborde la question « sans voyeurisme et sans tabou » mais avec un angle médical et pathologique traditionnel et franchement pas très adroit. Exemple: à propos des effets du Viagra qui permet à papy en pleine déconfiture érectile de tenir cinq heures au garde-à-vous, Cymes s’esbaudit sans la moindre considération pour la dame qui doit subir les assauts répétés de son bonhomme ragaillardi. L’émission a le mérite de retracer l’historique de notre rapport contrarié au sexe, de ses maladies (l’endométriose, notamment, qui touche une Française sur dix) avec un ton qui bouscule tout de même un peu le cadre médical pourtant étriqué au départ.

Documentaire de Floriane Devigne.

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